Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce

Coronavirus: sitôt installé, un corridor sanitaire sera retiré

Ombudsman

Il y a environ une semaine, l'arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce a aménagé un corridor sanitaire sur un tronçon de l'avenue Van Horne, où se trouvent plus de 20 commerçants.

La création sans préavis d’un corridor sanitaire sur un tronçon de l’avenue Van Horne, dans Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, a attisé la grogne de nombreux commerçants, qui écopent déjà de la crise du coronavirus. À un point tel que l’arrondissement fera marche arrière, a appris Métro.

Depuis environ environ une semaine, des bollards viennent doubler l’espace réservé aux piétons sur un côté de l’avenue Van Horne, entre les rues Victoria et Lavoie. Ce tronçon, de moins de 300 mètres, compte plus de 20 épiceries, restaurants et autres commerces. Contactés par Métro, certains des propriétaires concernés ont déploré cette situation. Ils affirment avoir perdu plusieurs clients qui viennent normalement s’approvisionner dans leur commerce en voiture.

«Il y a beaucoup de commerces qui se plaignent de ce corridor», constate le propriétaire de l’épicerie Plengke, Ramon Dicente. Ce dernier reçoit souvent des commandes pour des sacs de riz, des épices et divers autres produits que ses clients viennent généralement acheter en voiture pour en faciliter le transport. En raison du corridor sanitaire, toutefois, les acheteurs doivent maintenant stationner leur véhicule en double à côté de celui-ci ou encore de l’autre côté de la rue. Ce qui vient complexifier le transport de ces biens.

«Ce n’est pas sécuritaire», laisse tomber M. Dicente. Ce dernier raconte avoir contacté le cabinet de la mairesse d’arrondissement, Sue Montgomery, pour lui proposer de déplacer ce corridor sanitaire de l’autre côté de la rue, où l’on ne retrouve pas de commerces.

Les répercussions financières du corridor sanitaire

Le propriétaire du magasin Select du dollar, Shan Shanmugan, voit déjà les répercussions de ce corridor sanitaire sur ses ventes. Son commerce demeure ouvert malgré la crise du coronavirus, car il compte parmi ceux jugés essentiels.

«Il n’y a presque plus personne qui vient dans mon magasin, sauf quelques passants», soupire-t-il.

«Je ne comprends pas pourquoi ils ont fait ça ici. Ce n’était pas nécessaire.» -Shan Shanmugan, commerçant

«Un mauvais tronçon»

Les commerçants contactés déplorent également de ne pas avoir été consultés en amont de cette décision, qui n’a d’ailleurs pas fait l’objet d’un vote en séance du conseil d’arrondissement. Le cabinet de Mme Montgomery n’a en fait même pas informé au préalable le conseiller du district de Darlington, où se trouve ce tronçon de rue.

«On le voit: c’est un mauvais tronçon à choisir. Il y avait déjà énormément d’espace entre les piétons et les magasins, soulève Lionel Perez, qui est également chef d’Ensemble montréal. Déjà que l’achalandage est amoindri pour les commerçants, on vient leur ajouter des défis supplémentaires. Ils ne sont pas contents et je les comprends.»

Dans les dernières semaines, des corridors sanitaires ont vu le jours dans plusieurs arrondissements. Ceux-ci visent à donner plus d’espace aux piétons pour faciliter le respect de la distanciation physique dans l’espace public dans le contexte de la crise du coronavirus.

«Je pense que les corridors sanitaires temporaires sont tout à fait pertinents et utiles, mais il faut les mettre en place avec discernement, ajoute M. Perez. Sur Van Horne, ça n’a vraiment pas de sens.»

L’arrondissement fait marche arrière

Contactée par Métro, la directrice de cabinet de la mairesse Montgomery, Annalisa Harris, a annoncé que l’arrondissement «a écouté les commerçants» et s’apprête à «enlever le corridor piéton».

«Nous travaillons avec les commerçants et les résidents pour trouver un emplacement alternatif pour un corridor piéton», a pour sa part indiqué par écrit la mairesse d’arrondissement.

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