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Sue Montgomery suspend de nouveau son directeur d’arrondissement

Sue Montgomery
La mairesse de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce, Sue Montgomery. Photo: Zacharie Goudreault/ Métro

La mairesse de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, Sue Montgomery, a de nouveau suspendu pour deux semaines hier son directeur d’arrondissement alors que la métropole est l’épicentre de la crise du coronavirus au Québec.

Jeudi, Mme Montgomery a suspendu sans solde son directeur d’arrondissement Stéphane Plante, qui occupe ce poste depuis 12 ans, jusqu’au 5 mai. La mairesse aurait pris cette décision après que M. Plante ait refusé de prendre part à une réunion virtuelle en présence de la chef de cabinet de la mairesse, Annalisa Harris.

Or, celle-ci est au coeur d’une enquête que le contrôleur général de la Ville, Alain Bond, a entamé en septembre dernier. L’enquête a révélé que Mme Harris aurait commis du harcèlement psychologique auprès de deux employés de l’arrondissement, dont M. Plante. Face à ce constat, le contrôleur général a recommandé que Mme Harris cesse d’être en contact avec des fonctionnaires de l’arrondissement. Une recommandation que Sue Montgomery n’a pas mis en application.

«Prendre une telle décision pendant une pandémie, alors que le directeur d’arrondissement est essentiel pour la bonne gestion de l’arrondissement, c’est douteux», a réagi à Métro le conseiller indépendant du district de Snowdon, Marvin Rotrand. Ce dernier souligne que le directeur d’arrondissement est responsable de la coordination de «services essentiels». 

«C’est l’arrondissement le plus populeux à Montréal et un des plus touché par la pandémie. Donc, ça m’apparaît tout à fait inopportun de suspendre un directeur d’arrondissement à ce stade-ci», estime également l’experte en gouvernance et professeure à l’UQAM, Danielle Pilette. Cette dernière appréhende des «dysfonctionnements dans l’arrondissement». 

L’arrondissement, qui est le plus populeux de Montréal, est aussi le plus touché par la pandémie dans la métropole. Il compte près de 1000 cas.

«La mairesse d’arrondissement ne peut pas continuer à mettre de l’huile sur le feu comme ça.» -Danielle Pilette, professeure à l’UQAM

Séance extraordinaire

Les élus de l’arrondissement se réuniront en séance extraordinaire vendredi soir, à 18h15, pour faire le point sur cette suspension. La mairesse Montgomery présentera d’abord un rapport exposant les motifs qui justifient selon elle la suspension de Stéphane Plante. Celui-ci se basera sur l’article 52 de la Loi sur les cités et villes, qui prévoit qu’un maire peut suspendre, «en tout temps», un fonctionnaire à sa charge, à condition qu’elle présente une justification écrite aux élus par la suite.

Le point suivant à l’ordre du jour de cette séance, qui se fera sous forme de vidéo conférence en raison de la pandémie, vise toutefois à invalider cette suspension. Des élus réclament aussi que M. Plante obtienne une rémunération pour «toute la période au cours de laquelle [il] a été suspendu».

«Dans ce contexte de crise, les priorités personnelles de Mme Montgomery n’ont pas leur place. Avec l’appui de tous les autres élus, nous avons convoqué une rencontre extraordinaire ce soir pour assurer la réintégration du directeur de l’arrondissement et les services essentiels aux citoyens», a réagi à Métro la vice-présidente du comité exécutif et élue de Projet Montréal dans l’arrondissement, Magda Popeanu.

Le 11 mars, les élus de l’arrondissement avaient réussi à invalider deux suspensions totalisant 19 jours que Mme Montgomery avait imposé à M. Plante pour deux semaines. La mairesse avait accusé son directeur d’arrondissement d’«insubordination» parce qu’il avait refusé de prendre part à une rencontre en présence de Mme Harris.

Dossier judiciarisé

Métro a tenté vendredi d’obtenir la version des faits de la mairesse Sue Montgomery, en vain.

«Étant donné que cette affaire est devant la cour, la mairesse ne fera pas de commentaires», a indiqué par écrit sa directrice de cabinet. 

Au début du mois, la Ville a mandaté une firme d’avocats pour entreprendre «tout recours utile» contre Sue Montgomery afin de rétablir «un climat de travail sain et convenable» dans l’arrondissement.

Un conflit persiste depuis plusieurs mois entre l’administration de Valérie Plante et Mme Montgomery. Cette dernière a notamment été expulsée de Projet Montréal en janvier, puis de deux commissions municipales le mois suivant. Elle siège depuis comme indépendante.

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