L’ombudsman de la Ville de Montréal, Johanne Savard, a reçu plus de 150 plaintes au cours des dernières semaines en lien avec les voies actives sécuritaires (VAS) et d’autres projets de réaménagement mis de l’avant par l’administration de Valérie Plante.
Le 5 juin, l’ombudsman a déclenché une enquête concernant les VAS et certains autres projets de la Ville. Quelques semaines plus tôt, le 20 mai, Me Savard avait envoyé un «avis de préoccupation» à la mairesse de Montréal et d’autres membres de son équipe. Elle souhaitait ainsi leur rappeler certains principes de base à suivre lorsqu’on réaménage l’espace public. Il faut notamment assurer l’accessibilité universelle et consulter les citoyens et commerçants concernés, rappelait-elle alors.
Depuis, l’ombudsman a reçu plus de 150 plaintes de citoyens, indique-t-elle dans une publication mise en ligne vendredi. Celle-ci se veut un suivi de cette enquête, qui se poursuit. Les critiques acheminées au bureau de Me Savard portent notamment sur «l’absence de consultation préalable» et des «lacunes d’informations et de communications» de la part de l’administration, qui a aussi négligé de réaliser des «études d’impacts préalables» dans le cadre de divers projets.
Les plaintes portent aussi sur les impacts que pourraient avoir certaines voies cyclables ou piétonnes sur les commerçants, tandis que d’autres soulignent «des problèmes d’accessibilité universelle» et le retrait d’espaces de stationnement, notamment.
«On le dit depuis le début, c’est une catastrophe. Il ne faut pas oublier que l’ombudsman avait d’abord envoyé une missive, qui a été ignorée. Ensuite, elle a dû déclencher une enquête […] On a ignoré les gens», fustige en entrevue à Métro le leader adjoint de l’opposition officielle, Francesco Miele, en réaction à cette publication.
Plusieurs aménagements concernés
Les plaintes reçues par l’ombudsman de la Ville de Montréal concernent notamment le réaménagement de la piste cyclable de l’avenue de Christophe-Colomb, dont l’achalandage a grimpé de 90% cet été. Elles impliquent aussi les VAS des rues Rachel, Sherbrooke et Villeray. L’ombudsman a aussi reçu des plaintes concernant l’avenue du Mont-Royal, devenue piétonne cet été.
L’administration municipale a pourtant dressé jeudi un premier bilan «très positif» des VAS, deux mois et demi après l’annonce du plan de déplacements estival de la Ville, le 15 mai. Ce bilan se base sur des données d’achalandage recueillies par l’organisme Éco-Compteur sur plusieurs pistes cyclables et rues piétonnes. Globalement, l’achalandage des voies cyclables qui ont été élargies dans le cadre de ce plan a grimpé en moyenne de 36%. L’avenue du Mont-Royal accueillerait pour sa part environ 15 000 piétons par jour.
L’ombudsman souligne d’ailleurs avoir aussi reçu des dizaines de commentaires positifs concernant ces aménagements, surtout de la part de cyclistes. L’ombudsman a d’autre part reçu certaines plaintes concernant le Réseau express vélo, notamment en lien avec le tronçon prévu sur la rue de Bellechasse, qui a fait l’objet d’une pétition.
«Plusieurs lacunes», constate l’ombudsman
Après s’être rendue à«plusieurs reprises» sur le terrain pour «examiner les réaménagements et observer leurs impacts», l’équipe de l’ombudsman a fait diverses propositions à la Ville de Montréal. Cette dernière a depuis modifié plusieurs aménagements.
Elle a notamment fermé une bretelle de l’avenue Christophe-Colomb menant au boulevard Christophe-Colomb «afin d’assurer la sécurité des cyclistes» et abandonné le projet de voie piétonne sur la Rue Rachel, qui avait fait l’objet de manifestations. La Ville a aussi adapté certains corridors sanitaires qui «compromettaient la sécurité devant certains arrêts d’autobus», souligne entre autres l’ombudsman. L’administration a d’autre part mandaté la Société Logique pour aborder divers enjeux d’accessibilité universelle reliés aux VAS.
«Malgré tous ces changements et ces adaptations, notre enquête confirme plusieurs lacunes, notamment au niveau du partage d’informations entre les différentes entités de la Ville impliquées dans ces projets et au niveau des communications avec les citoyens. La Ville reconnaît plusieurs de ces problématiques : notamment, l’implantation des VAS parfois faite avec peu ou pas d’avis préalables», conclut Me Savard. Cette dernière continue donc de travailler avec la Ville pour «résoudre ces situations».
Le cabinet de Mme Plante assure d’ailleurs être à l’écoute.
«Bien que plusieurs plaintes furent identifiées comme non-fondées par l’ombudsman elle-même, nous allons continuer d’adapter ces aménagements en temps réel lorsque besoin est, comme nous le faisons depuis le début de l’été», affirme à Métro une attachée de presse, Catherine Cadotte.