Dans le froid et la neige de l’hiver, il n’est pas rare de croiser des aficionados du vélo sur les pistes cyclables montréalaises. Cette année, la tendance pourrait s’amplifier : un engouement pour la petite reine, version hivernale, semble se profiler.
Depuis le début de la pandémie, le vélo a la cote. Au printemps, de nombreux Montréalais ont sorti leur bicycle du garage, y voyant sans doute un mode de transport plus sécurisant que le métro ou l’autobus et un moyen de rester en forme. En plus des adeptes de longue date, de nouveaux usagers se sont aussi retrouvés à profiter de ce mode de déplacement doux.
L’engouement se poursuivra-t-il en saison froide? Oui, selon Jacques Quévillon, propriétaire du magasin Vélo Montréal, dans Rosemont-La Petite-Patrie. «Je pense que [les demandes] vont doubler», affirme-t-il sans hésiter, ajoutant voir de nombreux nouveaux clients dans les allées de son commerce en quête de pneus pour adapter leur monture.
Selon lui, deux facteurs entrent en ligne de compte : «Beaucoup de gens ne veulent plus utiliser le métro, l’autobus et l’auto et puis la piste cyclable sur Rachel a été repavée cette année, je pense que cela a joué», constate M. Quevillon.
C’est sans compter l’inauguration des premiers tronçons du Réseau express vélo (REV), notamment sur la rue Saint-Denis, qui offre des pistes quatre saisons, aménagées en bordure des voies pour automobilistes.
Sur le Plateau-Mont-Royal, Sylvain Lalonde, propriétaire de Pignon sur roues, voit de son côté «de plus en plus d’adeptes chaque hiver». «Je m’attendais à ce que ce soit plus significatif cet hiver, mais beaucoup de gens ne vont plus au bureau à vélo puisqu’ils sont en télétravail», souligne-t-il.
De nouveaux adeptes
Sur les réseaux sociaux, notamment sur la page du groupe Vélo d’hiver Montréal, plusieurs usagers publient des demandes de conseils pour passer au mode hivernal.
C’est le cas de Camille Lavoie, résidente de Rosemont-La Petite-Patrie, qui s’est récemment procuré un vélo spécialement pour sillonner les pistes cyclables cet hiver. Cette amatrice de vélo s’entraine régulièrement lors de la saison chaude sur la voie Camillien-Houde à bord de son Argon qu’elle s’est offert il y a plus de 20 ans.
«En dehors de mes entraînements, j’optais pour les Bixi, mais quand les Bixi s’arrêtaient, je me déplaçais à pied», raconte-t-elle.
Voyant ses voisins et autres connaissances pratiquer sur les pistes enneigées, cela a fini de la convaincre.
«J’aime profondément l’hiver, faire du vélo pendant la saison froide va me permettre de renouer avec les jeux d’hiver de mon enfance, je suis tout excitée de l’essayer», sourit Mme Lavoie.
D’autant que son quartier est désormais équipé du REV, tout comme le secteur voisin du Plateau-Mont-Royal.
«C’est un beau revirement pour la pratique du vélo, en plus, le REV va permettre [grâce aux séparations par des terre-pleins] de réduire tellement les chances pour les automobilistes d’écraser des cyclistes et les cyclistes de se prendre des portières d’auto…», pense-t-elle.
300 684
Du 11 novembre 2019 (jour de neige abondante à Montréal) au 31 mars 2020 (veille de températures printanières), les trois principales stations de comptage de cycliste de la firme Eco-compteur (métro Laurier, Rachel\Papineau et Saint-Laurent/Bellechasse) ont dénombré plus de 300 500 passages cumulés. À la même période, l’année précédente, on dénombrait 246 263 passages.
Déneigement
Pour pouvoir rouler de manière sécuritaire, le déneigement des pistes cyclables est un élément déterminant. La Ville de Montréal affirme que les portions du REV se trouvent sur dans le secteur prioritaire de déneigement, «elles sont toutes déneigées comme tel […] selon le même niveau de priorité que la rue sur laquelle elles se trouvent, et donc à la même fréquence, selon les besoins», explique Marilyne Laroche Corbeil, relationniste.