La ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, a été accueillie par des manifestants, locataires et comités de logements, à l’événement «Revitalisation de l’Est» organisé par la Chambre de commerce de l’Est de Montréal (CCEM), qui s’est tenu au Golf métropolitain d’Anjou.
L’événement ayant pour but de développer l’immobilier dans l’est de Montréal, notamment en mettant de l’avant une «image renouvelée» du secteur, accueillait aussi des promoteurs, des maires et mairesses d’arrondissement. Cet objectif qui aurait l’effet pervers de contribuer à la hausse du coût de la vie dans le secteur, ainsi que l’inaction du gouvernement par rapport au manque de logements sociaux sont critiqués par les manifestants.
«Les projets de revitalisation et de développement – tels que la ligne bleue et le REM – ont alimenté la spéculation immobilière et ont exercé une pression énorme sur les locataires», partagent par communiqué ces manifestants, qui se réunissaient sous la bannière «mon logement, faut que j’y reste!». Par ces projets, «en un an seulement, le loyer moyen à Anjou a augmenté de 145 $/mois», poursuit le communiqué.
La mort précoce d’AccèsLogis
Alors que les investisseurs se réunissent pour tenter de créer une belle image à l’est, «il n’y a pas de nouveaux logements sociaux et le parc de logements sociaux existant est insuffisant pour répondre aux besoins», critique l’organisatrice communautaire à Infologis de l’Est de l’île de Montréal, Lili Bergeron. Le programme AccèsLogis que le gouvernement Legault prévoit terminer après plus de 20 ans d’existence était justement chargé d’organiser le financement des logements sociaux.
À cet effet, la coordonnatrice du Comité d’action de Parc-Extension, Amy Darwish réclame «un réinvestissement massif dans le programme AccèsLogis maintenant!».
Pour le gouvernement, la mort d’AccèsLogis a servi à mettre à l’avant-plan le nouveau Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ), qui à terme, le remplacera. Les critiques de cette décision, notamment le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), ont avancé que «le logement abordable visé par le PHAQ» n’est pas la même chose que le «logement social visé par AccèsLogis».
Ligne bleue et gentrification
À Saint-Léonard, le secteur où se déploiera le futur prolongement de la ligne bleue, plusieurs développements immobiliers de «logements de luxe et de tours à condo (…) entraîneront des répercussions importantes pour les locataires qui y habitent», avancent les manifestants dans le communiqué. Le secteur référencé est celui de la rue Jean-Talon Est entre le boulevard Pie-IX et Langelier. «Tout ce secteur sera gentrifié rapidement».
Les opposants au projet de mettre de l’avant une «image renouvelée de l’est» affirment déjà constater «une spéculation immobilière, une augmentation des loyers, des rénovations et des reprises de logement dans les immeubles où les logements sont encore à prix raisonnable». Ces phénomènes seraient aussi liés à l’arrivée des cinq nouvelles stations de métro dans Saint-Léonard et Anjou. Celles-ci seront finalisées en 2029.
Ainsi avec l’arrivée de quatre stations de métro dans Saint-Léonard et une cinquième dans Anjou, tout ce secteur sera gentrifié rapidement. Déjà, on constate une spéculation immobilière, une augmentation abusive des loyers, des «rénovictions» et des reprises de logements dans les immeubles où les logements sont encore à prix raisonnable.
L’approche immobilière plus équitable à adopter pour Saint-Léonard serait que «des mesures concrètes soient prises rapidement par la ministre Duranceau pour un contrôle de loyer obligatoire, ainsi que l’instauration d’un registre des loyers pour empêcher les hausses de loyers abusives, la spéculation immobilière et les évictions illégales», estime l’organisateur communautaire à Action Dignité de Saint-Léonard, Mario Tardif.
Pour planifier les impacts de l’arrivée des nouvelles stations, Saint-Léonard a toutefois entamé des démarches de modifications de son Plan particulier d’urbanisme (PPU). Action Dignité avait révélé à Métro en 2022 que selon elle, les modifications proposées auront plus d’effets négatifs que positifs. «Elles risquent d’entraîner une hausse de taxes foncières des immeubles, une spéculation immobilière et donc, une augmentation des loyers», avait commenté Sarah Armstrong-Dugas, stagiaire en urbanisme et chargée de projet pour Action Dignité Saint-Léonard.