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La fin d’un programme de logements sociaux fait craindre le pire

La crise du logement continue d'empirer à Montréal.
La crise du logement continue d'empirer à Montréal. Photo: iStock

Le gouvernement mettra officiellement fin au programme AccèsLogis et c’est le Programme d’habitation abordable Québec (PHAQ), lancé il y a un an, qui le remplacera. Québec financera tout de même une partie importante des 6652 logements d’AccèsLogis qui sont en phase de planification. La nouvelle fait craindre le pire aux organismes œuvrant dans le domaine du logement.

Créé en 1997, AccèsLogis avait pour but d’allouer des ressources destinées à la construction de logements sociaux. Le programme sera aboli puisqu’il est trop lent, et monopolise des millions de dollars. C’est du moins ainsi que la ministre responsable de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, justifie cette décision dans une entrevue accordée à La Presse.

Si le programme a des lacunes, c’est surtout en raison de l’inaction du gouvernement, dénonce le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU). «Le programme est imparfait parce que le gouvernement du Québec a tardé à apporter les modifications attendues et même condensées dans un rapport de consultation publié juste avant l’arrivée au pouvoir du gouvernement Legault», estime la porte-parole Véronique Laflamme.

En plus de critiquer la forme qu’a prise l’annonce de la mort du programme destiné à aider les personnes en situation de pauvreté, laquelle a été faite dans une chronique, le FRAPRU se dit aussi inquiet des implications de ce virage «vers la sous-traitance et la privatisation» que semble entreprendre le gouvernement en mettant de l’avant le PHAQ et déclarant vouloir multiplier les partenariats avec le privé à travers ce nouveau programme.

On n’a plus de programme de logement social non privé au Québec et si on doit changer le PHAQ pour retrouver ce qu’amenait AccèsLogis, ça veut dire plus d’attente encore pour les gens qui en ont le plus besoin.

Véronique Laflamme, porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU)

Une claque en plein visage

Le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ) voit l’abolition du programme «comme une claque en plein visage». Le RCLALQ craint «une hausse de l’itinérance», notamment.

Le PHAQ n’est pas conçu pour répondre aux mêmes besoins d’AccèsLogis, ce qui est problématique pour les comités logements. «Le logement abordable visé par le PHAQ» n’est pas la même chose que le «logement social visé par AccèsLogis», critique le RCLALQ.

Le logement abordable «peut se situer autour de 1300-1400$ par mois, ce qui n’est pas accessible pour les personnes les plus pauvres de la société», ajoute le regroupement. Un logement abordable correspond plus «aux besoins de la classe moyenne», dont les besoins sont «moins urgents» que ceux des personnes en situation de précarité.

«Avec la suppression d’AccèsLogis, la ministre se rend entièrement aux pressions des lobbyes propriétaires, ce qui se vérifie par les arguments qu’elle met de l’avant», dénonce aussi le RCLALQ.

La ville de Montréal annonce ne pas être surprise de la nouvelle, mais tient à réitérer «l’importance de financer adéquatement les projets de logements sociaux qui sont en ce moment en développement grâce aux GRT et aux porteurs communautaires». De son côté, l’opposition officielle se dit «très inquiète». Elle avait d’ailleurs déposé une motion en février dernier pour que Montréal milite en faveur du maintien d’AccèsLogis.

Une fausse bonne idée?

L’Union des municipalités du Québec (UMQ) se range toutefois du côté du gouvernement en ce qui concerne AccèsLogis.

«Les programmes disponibles en ce moment pour soutenir la réalisation de logements sociaux ou abordables sont particulièrement complexes et inapplicables dans un contexte inflationniste», exprime l’UMQ par communiqué.

«Le Programme d’habitation abordable Québec, ce n’est pas mieux, car les mises de fonds exigées sont trop élevées. Il faut dégrossir les processus, alléger les lourdeurs administratives, et surtout, ajuster le financement des programmes en fonction de l’inflation», croit l’Union.

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