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Protocole de triage: pas encore nécessaire, mais le réseau se prépare

Les urgences de l'hôpital Notre-Dame, à Montréal

Les urgences de l'hôpital Notre-Dame, à Montréal

Dans les hôpitaux du Québec, les patients «COVID positifs» se multiplient. En conséquence, le réseau de la santé a entamé des formations auprès de son personnel pour qu’il soit prêt à appliquer, si nécessaire, le protocole de triage éthique des patients aux soins intensifs.

Mardi, le premier ministre François Legault a tenu à rassurer les Québécois. «On est très loin de ça», a-t-il affirmé, avant d’ajouter que «ce n’est pas envisagé dans aucun des scénarios».

Plusieurs dizaines d’experts indépendants ont oeuvré sur la première version du protocole de triage, parue le printemps dernier. Il vise à donner au réseau les outils et les critères qui permettront aux professionnels des soins à choisir entre deux patients si le nombre de lits disponibles manque.

«Si jamais, dans un scénario catastrophique – malgré le délestage, l’augmentation des lits, la procuration de nouveaux respirateurs – , il y avait plus de patients malades que les ressources disponibles, il faudrait faire des choix», résume l’intensiviste Joseph Dahine, membre du Comité responsable de la mise à jour du protocole.

Le MSSS a mis à jour son protocole en novembre dernier. On peut y lire que les critères ne seront activés qu’au moment où le réseau atteindra un «niveau de saturation» de 200%. La principale artisane derrière le document, l’experte en bioéthique Marie-Eve Bouthillier, abonde dans le même sens que le premier ministre Legault.

«C’est important de le dire: à court terme, on n’envisage pas de l’utiliser. Malgré la hausse des hospitalisations, le système est encore capable d’absorber la pression», assure-t-elle.

«Il faudrait vraiment être acculé au pied du mur pour le mettre en action.» – Marie-Eve Bouthillier, professeure d’éthique clinique à la Faculté de médecine de l’Université de Montréal et membre du Comité responsable de la mise à jour du protocole

Le réseau se prépare

Or, dans le réseau, on fait passer le mot, convient Mme Bouthillier.

«Ce qui est nécessaire actuellement, c’est que les établissements s’approprient le contenu et se préparent», souligne-t-elle.

Au Québec, la capacité hospitalière continue de se resserrer. La semaine dernière, Québec a recensé plus de 600 nouvelles hospitalisations, dont 90 aux soins intensifs. De tels décomptes n’avaient pas été atteints depuis le mois de mai.

Métro a obtenu auprès du ministère de la Santé les plus récents taux d’occupation des lits en soins intensifs à travers le Québec. Ces données, datées de vendredi, démontrent que la province tient le coup. Environ 70% des lits désignés en soins intensifs sont occupés.

À Montréal, les chiffres respectent la tendance nationale (72% des lits occupés), mais certains centres hospitaliers doivent composer avec une importante entrée de patients. Notamment, tous les lits en soins intensifs à l’Hôpital Royal Victoria sont occupés. C’est 94% à l’Hôpital général et 92% à l’Hôpital neurologique.

À Québec, des patients reposent dans 78% des lits. Dans Lanaudière, l’élastique s’étire d’autant plus. La région est la plus fragile de la province, avec un taux d’occupation moyen de 91%.

Quelques modifications

Le «plan d’incendie» du ministère de la Santé fait l’objet de quelques modifications depuis son élaboration. Selon Marie-Eve Bouthillier, les hôpitaux de la province travaillent mieux ensemble aujourd’hui.

«Lors de la première vague, ils remplissaient un hôpital désigné un après l’autre. Certains ont atteint des surcapacités de presque 200%», résume-t-elle.

«Aujourd’hui, on priorise de remplir les hôpitaux de manière équivalente. Le niveau de l’eau monte partout pareil», poursuit-elle.

Le protocole de triage ministériel prévoit toujours d’utiliser des respirateurs artificiels issus des établissements pédiatriques. Selon M. Dahine, il s’agit du dernier des derniers recours.

«Ce protocole, on ne veut pas l’utiliser», martèle-t-il.

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