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La baisse des GES causée par la pandémie a déjà presque été effacée

L’effet du confinement sur les émissions de gaz à effet de serre (GES) en 2020 serait une chose du passé. Les émissions mondiales de CO2 dues à la consommation d’énergie ont augmenté de 1,2 milliard de tonnes en 2021, selon les chiffres de l’Agence internationale de l’énergie (IEA).

Cette augmentation efface les deux tiers des réductions de gaz à effet de serre constatées en 2020. La plus forte partie de ces émissions serait causée par le pétrole, suivi du gaz naturel et ensuite du charbon. Si cette hausse se concrétise, il s’agirait de la deuxième en importance de l’histoire, selon le rapport de l’Agence internationale de l’énergie.

Une part de 30% des augmentations serait due à l’utilisation croissante du charbon comme source d’énergie de même qu’à une demande d’énergie sans égale à l’échelle mondiale.

«C’est normal d’assister à une année rebond compte tenu de l’arrêt des activités de 2020, commente l’analyste des politiques climatiques d’Équiterre, Émile Boisseau-Bouvier. Mais ce n’est certainement pas une bonne nouvelle: la science est claire, il faut réduire rapidement les GES.»

Retour du transport

Une baisse historique d’émissions de GES avait été constatée à l’échelle mondiale en 2020. Plus de la moitié de cette réduction était attribuable à la consommation limitée de pétrole. La COVID-19 et le confinement étaient venus limiter le trafic automobile et aérien.

La pollution attribuable aux transports aériens aura été partiellement limitée en 2021, comme plusieurs pays imposaient toujours des restrictions concernant l’ouverture de leurs frontières. Elle se trouve encore loin du niveau constaté en 2019. Mais les émissions relatives aux transports connaissent quand même une hausse, en raison de l’augmentation du trafic automobile.

Les pays en voie de développement maintiennent une pollution par habitant plus faible que les autres. Au cumul, leurs émissions représentent cependant 60% de la pollution mondiale.

La reprise de l’activité économique serait responsable d’une hausse de 3% des GES en 2021.

Un pas en arrière

Devant la hausse mondiale, des groupes environnementaux dénoncent les dernières décisions du Canada. Le gouvernement fédéral ne freine pas assez l’industrie pétrolière dans ses émissions, considère-t-on. En ce sens, le feu vert accordé au projet de la Baie du Nord constitue un grand pas en arrière.

«C’était le premier vrai test climatique du gouvernement Trudeau, et il l’a échoué, ajoute M. Boisseau-Bouvier. C’est une décision décevante, qui prouve que pour le cabinet, l’environnement passe toujours en deuxième.»

«Des projets comme celui de Baie du Nord sont approuvés sans tenir compte de la pollution massive par le carbone et de la pollution atmosphérique qu’ils déclencheront à l’extérieur des frontières du Canada. Nous avons clairement besoin d’une nouvelle réponse internationale pour éliminer progressivement la dépendance aux combustibles fossiles», commente la directrice générale de la portion québécoise de la Fondation David Suzuki, Sabaa Khan.

En plus de freiner l’industrie pétrolière, le gouvernement doit se tourner vers les transports en commun pour réduire ses GES, souligne Équiterre. L’industrie est responsable de près du quart des émissions du pays. «On le voit avec les résultats de 2020: modifier les façons dont on se transporte peut changer la donne. Il faut investir dans le transport en commun et miser sur l’autopartage», conclut M. Boisseau-Bouvier.

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