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Pandémie et GES font-ils bon ménage ?

Le transport au Québec concentre 35% des GES émises.
Le transport au Québec concentre 35% des GES émises. Photo: Andreas Rentz/Getty Images

L’année 2020 sera reconnue comme une année extraordinaire puisque la pandémie a ébranlé nos sociétés et mis sur pause bon nombre d’économies. L’un des effets significatifs a été la baisse «historique» des Gaz à effets de serre (GES) pour l’année 2020, l’estimation se situant à 5,8% pour les émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie.

L’agence internationale de l’énergie (AIE) a étudié l’impact de la pandémie sur les émissions de GES liées à l’énergie au niveau mondial et s’aperçoit que 2020 est une année historique. «Selon les dernières statistiques, la baisse atteint 5,8%. Cela représente 2 000 millions de tonnes de CO2, c’est comme si on ne comptabilisait pas les émissions de l’Union européenne.»

«2020 a marqué le déclin le plus fort en termes d’émissions de CO2 dans l’histoire» – Agence internationale de l’énergie

Elle constate une baisse globale par rapport à 2019 de 5,8%, avec un pic de 14,5% pour le mois d’avril. C’est donc le signe d’une réduction des déplacements.

«Plus de 50% de la baisse mondiale totale des émissions de CO2 en 2020 est dû à la baisse de la consommation du pétrole dans le secteur des transports.»

En ce qui a trait aux données globales des GES (toutes origines), le Global Carbon Project prévoyait, début décembre 2020, une baisse de 7% par rapport à 2019. Les derniers chiffres révisés indiquent plutôt 4,9%.

Le défi des GES au Québec passe par les transports

C’est précisément le domaine des transports qui est le plus gros chantier au Québec. Le secteur des transports concentre 35% des GES émis.

Pour diminuer cette empreinte et réussir du même coup les objectifs de carboneutralité fixés pour 2050, le Québec a choisi d’électrifier son parc de véhicules. «L’objectif : 1,5 million de véhicules électriques sur les routes du Québec en 2030», précise le ministère de l’Environnement du Québec. Le ministère avait déjà annoncé l’interdiction de vente des véhicules à essence sur son territoire dès 2035.

Pas question pour autant de légiférer plus strictement sur la publicité faite autour des véhicules énergivores comme les VUS. Tout récemment, l’organisme Équiterre faisait cette demande puisque «les ventes de camions légers ont augmenté de 280% entre 1990 et 2018, et 70% de la publicité automobile concerne les VUS alors qu’ils émettent 31% plus de GES».

Équiterre fait un lien entre cette publicité et le nombre croissant de ventes de ces véhicules. Cependant le ministère de l’Environnement s’en tient à son Plan pour une économie verte (PEV) présenté en novembre qui ne contient pas de telles restrictions publicitaires.

Le numérique au cœur de nos vies et source de GES

La pandémie a fait en sorte que les déplacements des particuliers soient réduits, et les Québécois se sont plus tournés vers le commerce en ligne.

«78 % des adultes québécois ont réalisé au moins un achat en ligne au cours de l’année 2020, soit une hausse de 15 points de pourcentage par rapport à l’année précédente. Soit une augmentation de 20 points en quatre ans.» – Enquête NETendances

The Shift Project, une organisation qui œuvre en faveur d’une économie libérée de la contrainte carbone, indique dans ses rapports que la part du numérique dans les GES émis au niveau mondial n’aura de cesse d’augmenter si les comportements ne changent pas. La part du numérique dans les émissions mondiales est 3,5 % en 2019 et serait près de 6% dès 2024.

«En l’absence de réinvention des comportements et des modèles d’affaires, le déploiement des nouvelles générations de réseaux (dont la 5G imminente) et le développement des usages associés (IoT, IA, edge computing, usages vidéo très haute résolution sur mobiles) accentueront cette tendance» – The Shift Project

L’organisme constate que les progrès technologiques sur l’efficacité énergétique n’ont pas conduit à compenser l’augmentation de l’utilisation de ces technologies. «L’impact du numérique ne fera qu’augmenter si nous ne nous donnons pas les moyens de le piloter.»

Et pour 2021 ?

Le rebond d’émission de GES est arrivé rapidement pour certains pays. La Chine, elle, n’a pas semblé être touchée, puisque ses activités d’émissions de GES étaient plus fortes qu’en 2019 dès le mois d’avril. Des pays comme l’Inde et le Brésil ont dépassé leurs taux de 2019 à partir du mois de septembre.

«Ce qu’il adviendra de la demande d’énergie et des émissions en 2021 dépendra de l’importance que les gouvernements accordent aux transitions d’énergie propre dans leurs efforts pour stimuler leurs économies.» – Agence internationale de l’énergie

Au niveau mondial, seul le mois de décembre 2020 avait émis plus de GES que le mois de décembre 2019, c’est donc le signe que les activités reprennent malgré la pandémie, même si c’est de façon inégalitaire.

Quelles avancées à Montréal ?

La ville de Montréal a dévoilé, en décembre 2020, un plan pour atteindre ses cibles climatiques. Ce plan comprend 46 actions parmi lesquelles figurent la transformation de 100% du parc immobilier municipal en parc zéro carbone opérationnel, l’amélioration de la performance énergétique des grands bâtiments ou l’augmentation de la proportion de véhicules électriques au centre-ville.

«Montréal veut réduire de 55 % les émissions de gaz à effet de serre (GES) de la collectivité d’ici 2030 (par rapport à 1990), ainsi qu’atteindre la carboneutralité d’ici 2040 pour ses propres opérations et en 2050 pour la collectivité.» – Plan climat 2020-2030 de Montréal

La ville s’est engagée à publier un bilan de l’avancement des différentes actions du plan. Le premier état des lieux sera rendu en décembre 2021.

Tout récemment, les membres de Projet Montréal ont voté en faveur d’une «taxe kilométrique», lors de leur congrès annuel. Cette taxe vise la réduction de l’utilisation de l’automobile afin de «favoriser l’émergence du transport collectif et réduire le trafic de transit et la congestion».

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