Alors qu’il laisse son siège après 39 ans d’engagement politique, Marvin Rotrand, conseiller du district de Snowdon, a décoché une flèche à l’administration Plante réélue et interpelle le gouvernement du Québec. M. Rotrand juge la vision de l’administration Plante pour le projet Namur-Hippodrome «utopique» et le prolongement de Cavendish, «vague».
Dans une lettre adressée à la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation et au ministre des Finances, M. Rotrand en appelle à «une intervention de la province» et à un accompagnement vers un «plan réaliste et réalisable» pour le réaménagement du secteur de l’Hippodrome.
Sans l’intervention de la province, je ne vois aucun espoir d’action au cours des quatre prochaines années et, en fait, la Ville pourrait être obligée de rétrocéder l’Hippodrome.
Extrait de la lettre de Marvin Rotrand à la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation et au ministre des Finances du Québec
Un projet d’envergure
Le premier projet dans le viseur de M. Rotrand est le projet de raccordement du boulevard Cavendish.
L’administration municipale prévoit de faire avancer ce «projet nécessaire» avec l’idée et de lui faire passer le «test du BAPE». Le projet est actuellement en attente d’approbation. Le nouveau lien permettrait de «décongestionner de plein de façons» le secteur qui forme «une cicatrice urbaine» selon l’administration.
«Il n’y a aucun financement dans le budget des travaux d’immobilisations de la Ville pour les dix prochaines années, ni pour le prolongement de Cavendish, ni pour la construction des infrastructures nécessaires sur l’Hippodrome pour accueillir des logements sur le site», indique M. Rotrand.
Le coût du projet est évalué à 245 M$, tel qu’inscrit dans le programme décennal d’immobilisations (PDI) 2021-2030. L’administration compterait également sur une «contribution importante de la part de Québec».
L’autre projet qui s’est attiré les critiques de M. Rotrand est celui du réaménagement de l’Hippodrome Blue Bonnets.
Ce projet de réaménagement du secteur de l’Hippodrome est, depuis 2017, une promesse phare de Valérie Plante, mais l’Office de consultation publique de Montréal s’était interrogée, fin 2020, sur la viabilité du projet, notamment quant à la congestion routière dans le secteur.
Avec en tête en 2017 une cible de plus de 8000 logements, lors de la campagne municipale actuelle, Projet Montréal avait révisé sa cible à 7500 logements (dont 4000 logements sociaux et abordables). Le quartier devrait également accueillir écoles, centres communautaires, parcs, garderies et commerces.
Précisant que «la Ville ne construit pas de logements», l’accès à des permis serait facilité. Un cabinet est chargé actuellement de déterminer les coûts du projet. Mme Plante affirmait en conférence de presse son ambition que les premiers lots devraient voir le jour début 2023.
Si la Ville est propriétaire du terrain depuis 2017, elle détient des obligations envers Québec, notamment quant à l’adoption d’un échéancier de développement et d’un zonage d’ici la fin 2023.
Cet élément inquiète M. Rotrand. «Je ne vois aucune chance que cette vision réponde à ces obligations. […] Il n’y a jamais eu d’explication sur les promoteurs qui construiront un tel projet ou sur l’origine des plusieurs centaines de millions destinés aux infrastructures municipales et aux équipements collectifs.»
Néanmoins, la Ville affirmait par écrit à Métro qu’un budget de 45 M$ dans le programme décennal d’immobilisations est inscrit pour le développement de «ce futur milieu de vie complet». Parmi les prochaines étapes, la Ville soumettra un plan d’ensemble qui fera l’objet d’une consultation.
Métro n’a pas obtenu de commentaire de la part du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation, du ministre des Finances et de l’administration municipale.