Rencontres

«L’heure mauve» est une fête avec Nicolas Party et Pierre Lapointe

Nicolas Party et Pierre Lapointe au MBAM pour «L'heure mauve»

Pour la première exposition de Nicolas Party au Canada, le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) a donné carte blanche à l’artiste visuel suisse. L’heure mauve, mise en musique par Pierre Lapointe, se veut ainsi un parcours poétique au plus près de la nature. Rencontre.

La grisaille hivernale a désormais son remède. «On est absorbé par une sensation de bien-être et de beau», dit Pierre Lapointe, qui signe la trame musicale de l’exposition de Nicolas Party, L’heure mauve. Il est vrai que d’une salle du MBAM à l’autre, la vivacité des couleurs fait l’effet d’un baume au cœur pour le visiteur.

Des couchers de soleil aux natures mortes, des sous-bois aux insectes, les tableaux et sculptures de L’heure mauve sont une promenade bucolique. Alors qu’il a grandi en Suisse dans un village entre le lac Léman et les montagnes, Nicolas Party confie entretenir un rapport «physique et sensoriel» à la nature. «Je m’interroge et je recherche ses motifs qui ont été dessinés, peints. J’ai aussi ma propre manière de les représenter.»

«Je devais faire dialoguer des œuvres de la collection du MBAM avec les miennes», explique celui pour qui les paysages ont donc toujours été une source d’inspiration. Cette discussion, qu’il souhaite intuitive, est, de fait, essentielle. «Chaque objet a sa propre vie, sa biographie. Il ne reste plus qu’à l’écouter avec les yeux. J’ai envie que le spectateur se sente libre», poursuit-il.

La poésie de L’heure mauve

L’heure mauve. Voilà un nom d’exposition qui évoque l’imagination, le rêve. Et bien plus encore. «Ce titre hyperpoétique» vient de la toile éponyme du peintre québécois Ozias Leduc, qui a, évidemment, une place de choix dans l’exposition. «C’est intéressant car l’heure mauve décrit ce moment entre le jour et la nuit, cette espèce d’entre-deux», raconte Nicolas Party.

«La couleur mauve est aussi une couleur de l’entre-deux, qui est en mouvement entre le bleu et le rouge, ajoute-t-il. Elle est difficile à décrire.» Selon l’artiste, ces éléments feraient appel «à une transition et à une fragilité qui correspondent aux différents thèmes de l’exposition».

Pour Pierre Lapointe, cet entre-deux est aussi «le vide qui existe entre deux choses, entre deux amours, deux états, deux sensations».

Ce vide, justement, se concrétise dans L’heure mauve par la sélection de sièges en tout genre réalisée par Nicolas Party. «En histoire de l’art et en peinture, une chaise vide symbolise l’absence. C’est poétique de s’imaginer qu’elles représentent l’absence humaine au beau milieu de la nature», souligne-t-il.

La poésie inhérente à l’exposition se retrouve également jusque dans la technique – peu commune – utilisée par Nicolas Party pour ses tableaux: le pastel. «Il s’agit d’un pigment pur qui prend la lumière de manière très veloutée. Ça me fait penser à des ailes de papillon hyperfragiles.»

Puisque le pastel se travaille beaucoup avec les mains, «c’est comme si on maquillait les portraits, révèle-t-il. Si on regarde de près, on peut voir des traces de doigts. Il y a un contact très physique, très sensuel.»

La musique permet de rêver à travers les œuvres.

Nicolas Party à propos de l’album L’heure mauve de Pierre Lapointe

Connexions

Ne vous étonnez pas si, pendant votre visite, les autres explorent les œuvres dans leur bulle, écouteurs sur les oreilles. L’album L’heure mauve de Pierre Lapointe a été pensé spécialement pour l’occasion, avec des reprises et des compositions originales.

De la Gnossienne n° 1 d’Erik Satie – dont l’écoute est saisissante devant la Forêt rouge de Nicolas Party – aux Fleurs d’une autre dimension, composition originale de Pierre Lapointe, le disque fait écho à différentes époques. «Ce qui me rassasie dans une œuvre, peu importe la forme ou le médium, c’est de faire des liens avec le passé et de sentir que quelque chose de nouveau a été créé», s’enthousiasme le musicien, qui trouve fort agréable de «se perdre dans les œuvres en écoutant des chansons».

«Ces deux objets ont été créés en symbiose, mais ont aussi une vie indépendante», souligne Nicolas Party. Grâce aux mariages d’esthétique et de genre de L’heure mauve, Pierre Lapointe espère notamment aller plus loin. «Il y a comme un devoir de passage de l’histoire d’une génération à une autre. L’exposition et le disque jouent ce rôle et le projet va pouvoir perdurer.»

Enfin, pour ajouter à la magie de L’heure mauve, les immenses murales réalisées in situ par Nicolas Party vont disparaître après l’exposition. «Comme pour une performance, le plaisir est de le faire», conclut l’artiste.


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