La thérapeute conjugale et familiale (TCF) Michèle Paquette de Dollard-des-Ormeaux a reçu le prix Mérite du Conseil interprofessionnel du Québec en octobre pour son engagement et son parcours. Elle espère que cette distinction attirera l’attention du gouvernement sur la nécessité d’offrir des services de thérapie conjugale et familiale dans le système public.
Sa trajectoire de trois décennies dans le domaine de la santé mentale au Québec regorge d’accomplissements. Auteure d’ouvrages de référence pour ses pairs, présidente de l’association Les Amis de la santé mentale, Michèle Paquette est aussi superviseure des internes à la maîtrise en TCF à l’Université McGill. Une sommité dans des soins que la santé publique refuse de couvrir. «Et ça, il faut que ça change», tranche la lauréate.
Les thérapeutes conjugaux et familiaux, à la différence des psychologues, se concentrent sur les relations qui unissent les gens plutôt que sur les individus. Depuis 2002, Michèle Paquette sert l’ouest de l’île à la Clinique Medistat. Cependant, depuis 2018, on la trouve le plus souvent au centre spécialisé Counseling West Island.
Au fil de ses années de consultation, la spécialiste a constaté les bouleversements de la société dans les liens entre ses patients. «Notre travail est devenu plus complexe, car les familles et les couples le sont devenus aussi, confie-t-elle. Les modifications au niveau des structures des familles et des couples présentent des enjeux encore inimaginables il y a quelques décennies.»
La pandémie est venue accentuer cette complexité. Depuis un an, Mme Paquette a vu les demandes de consultation tripler. «Les parents ont été poussés au-delà de leurs limites et les enfants vivent des choses extrêmement troublantes, souligne-t-elle. Les effets liés à la COVID et aux règles qui s’y rattachent ne sont pas près de s’estomper.»
Malgré cela, les CIUSSS et les CISSS ne reconnaissent ni les psychothérapeutes ni les TCF. «Quand la tension monte entre les individus à la maison, ce n’est pas tout le monde qui peut se tourner vers le privé pour gérer la situation», déplore Mme Paquette. Elle remarque qu’il est grand temps d’en finir avec le mythe de l’opulence générale dans l’ouest de l’île.
Et même si c’était le cas, les spécialistes ne répondraient pas à la demande. Il y a actuellement 297 TCF au Québec en ce moment, dont plus des deux tiers se trouvent dans la région de Montréal. L’offre est insuffisante et risque de l’être pour un certain temps avec seulement 10 à 12 nouveaux diplômés chaque deux ans. La maîtrise en TCF de l’Université McGill est la seule à offrir la formation dans la province. Un projet de maîtrise analogue existe en revanche à l’Université du Québec à Trois-Rivières, laquelle permettrait un programme d’études en français et l’augmentation du nombre de professionnels. «La fin de la pandémie n’amènera pas la fin des besoins: les dysfonctions et les conflits existent et les patrons sont installés.»
Le prix Mérite du Conseil interprofessionnel du Québec remis le 23 octobre 2021 à Michèle Paquette a été décerné par l’Ordre des travailleurs sociaux et des thérapeutes conjugaux et familiaux du Québec.