Malgré la hausse de la demande dans le dernier mois, les banques alimentaires laSalloises tiennent le coup, tant bien que mal. Alors que la fermeture de plusieurs pans de l’économie en janvier a exacerbé les besoins, Métro a rencontré certains de ces organismes alimentaires pour faire le point sur la situation.
«Il y a définitivement une demande grandissante», affirme d’emblée le directeur des Loisirs Laurendeau-Dunton, Sylvain Pilote. L’organisme, qui a comme mission première d’offrir des activités de loisirs aux jeunes de l’arrondissement, a mis sur pied un comptoir alimentaire quand il a vu l’impact de la pandémie sur sa clientèle, principalement des familles monoparentales et de nouveaux arrivants.
En raison de la rapidité avec laquelle la vague Omicron a frappé, le travailleur communautaire pense que les gens n’ont pas réussi à prévoir l’impact des fermetures sur leur budget.
Une distribution ponctuelle
Malgré le besoin urgent, l’organisme locataire du 8700, rue Hardy a récemment dû s’orienter vers une distribution ponctuelle des paniers alimentaire, faute de dons. M. Pilote fait valoir que ces dons sont essentiels pour pouvoir bonifier ce que l’organisme réussit à aller chercher auprès de Moisson Montréal, notamment avec des produits laitiers.
«Notre vision, c’est de leur offrir des denrées de qualité. Dans un monde idéal, ça serait toutes les semaines, mais en ce moment on ne peut pas se le permettre.» Après un généreux panier à Noël, le directeur des Loisirs Laurendeau-Dunton estime qu’il pourra offrir son prochain panier à environ 50 à 75 familles, début février.
Aide d’urgence
«Chaque confinement, la demande augmente», soutient elle aussi Fouzia Mihoubi, responsable de la sécurité alimentaire chez CADRE (Centre d’action de développement et de recherche en employabilité). L’organisme, situé au 7491, rue Cordner, dans le nord de l’arrondissement, se spécialise en services alimentaires d’urgence. Pour ce faire, il a à sa disposition une popote roulante et des livreurs qui vont porter des plats chauds ou congelés et des boîtes de denrées alimentaires aux familles dans le besoin.
Si la demande pour l’aide d’urgence quotidienne n’est pas ce qu’elle était en mars 2020, les membres de CADRE ne manquent pas de boulot. «Au début de la pandémie, ça pouvait aller jusqu’à 25 livraisons par jour, se rappelle Mme Mihoubi. Maintenant, ça tourne autour d’une dizaine, mais ça peut varier chaque jour.»
«Quand les autres organismes ferment, nous, nous restons ouverts, ajoute la coordonnatrice. Nous sommes contents de pouvoir offrir ce service. Cependant, quand les gens répètent les demandes, nous devons les diriger vers des organismes avec plus de ressources.»
Une solution à faible coût?
Si l’organisme La Triade HCT observe peut-être une petite hausse de la demande, cette dernière n’affecte en rien les opérations de sa banque alimentaire. «Chaque jour, nous avons de nouveaux clients. Nous n’en refusons pas», fait valoir Sandy Ramsamy, qui s’occupe de ce volet de l’organisme qui rejoint entre 850 et 1000 clients.
Le secret pourrait peut-être se trouver dans le fait que l’organisme fait payer un petit montant à ses bénéficiaires. «Les gens deviennent membres au coût de 10 $ par année et ensuite ils doivent débourser 7 $ par panier», explique le directeur général, Pierre-Hilaire Djungandeke Pesse.
En facturant l’aide alimentaire à un coût moindre que le coût des denrées, ce revenu permet à l’organisme d’avoir assez de fonds pour pouvoir s’approvisionner et rémunérer ses employés. Grâce à cette solution, les étagères du local situé au 613, 43e Avenue sont pleines, et la confection de paniers d’aide alimentaire n’est pas près d’arrêter.