Henriette Mvondo a dû surmonter de nombreux obstacles entre son arrivée à Montréal en 2004 et la fondation de son organisme Bienvenue à l’immigrant, qui fêtera ses cinq ans cette année. Portrait de cette infatigable LaSalloise d’origine camerounaise qui s’est donné comme mission d’accompagner dans les méandres de la société québécoise ces gens qui repartent à zéro.
Henriette Mvondo était promise à un bel avenir dans son pays natal. Diplômée en génie électrique, elle enseignait l’électronique dans un lycée technique et gagnait bien sa vie. Pourtant, à 24 ans, elle choisit de tout quitter et, avec son mari et son jeune enfant, elle prend un aller simple en direction de Montréal.
«Je suis parti pour permettre à mes enfants d’avoir un avenir meilleur, raconte cette Camerounaise d’origine. Même si j’appartenais à la classe moyenne, j’étais motivée de leur offrir de meilleures études et plus d’opportunités». Deux autres enfants se sont depuis ajoutés au portrait.
En arrivant au Canada, la Camerounaise sait d’avance qu’elle devra potentiellement faire une croix sur ses aspirations en génie électrique.
Quand on décide de partir, on se prépare psychologiquement à devoir repartir de zéro. Je voulais m’intégrer le plus rapidement possible sur le marché du travail.
Henriette Mvondo
Cependant, les défis auxquels elle fait face dans sa société d’accueil la secouent plus qu’elle ne l’anticipait. «Malgré cinq ans d’université dans mon pays d’origine, je me suis retrouvée à travailler dans des manufactures, se rappelle Henriette Mvondo. Je devais faire près de deux heures d’autobus pour arriver à 7h du matin et porter des boîtes toute la journée.»
«Parfois à mes pauses, je pleurais dans la salle de bain. Je repartais à zéro, mais dans le vrai sens du terme», ajoute-t-elle, au sujet de son passage du monde universitaire à ce travail manuel.
«Éduquer les immigrants»
Henriette Mvondo refuse toutefois de se laisser abattre et continue de postuler à des emplois qui lui permettraient d’améliorer son sort. Puis, la jeune immigrante réussit à se dénicher un emploi à la Banque Royale du Canada au service à la clientèle. Quelques années et études supplémentaires plus tard, elle décroche un poste de planificatrice financière.
À son grand plaisir, Henriette Mvondo retrouve le contact humain privilégié qu’elle appréciait lorsqu’elle enseignait au Cameroun. C’est dans cet emploi qu’elle développe son intérêt d’éduquer les immigrants à mieux comprendre le système bancaire canadien afin qu’ils puissent en profiter.
«La communication avec eux nécessitait toujours une certaine approche personnalisée et je me retrouvais dans ce qu’ils traversaient», confie-t-elle, ajoutant que de voir un tel besoin l’a poussée à offrir ses services à divers organismes.
Faciliter l’intégration
Ce travail d’éducation financière a été le germe qui l’a amenée à créer l’organisme Bienvenue à l’immigrant (BAI). Avoir sa propre fondation lui permettait d’offrir de plus larges services pour faciliter l’intégration des immigrants récents, comme de l’accueil et de l’orientation, du soutien psychosocial et des formations d’intégration professionnelle.
Cinq ans plus tard, elle affirme que son projet est dans la bonne voie. «Quand on a des témoignages de gens qui, grâce à BAI, se retrouvent propriétaires d’une maison, ou avec un emploi stable dans une bonne organisation, ou des jeunes qui s’épanouissent et qui s’impliquent dans leur société d’accueil, ça montre que l’organisme remplit sa mission d’impacter positivement la vie des immigrants.»
Considère-t-elle qu’elle a réussi son objectif d’immigrer au Canada pour offrir un avenir meilleur à ses enfants? «Mes trois garçons réussissent bien à l’école et ils souhaitent s’impliquer dans leur communauté. Ils sont tous présidents de leur classe», dit-elle en rigolant. Comme quoi les pommes ne sont pas tombées très loin de l’arbre.