Malgré la controverse, la Société de Développement de l’Avenue du Mont-Royal n’en démord pas. Selon elle, la Raclette du Patio doit cesser de cuisiner et de vendre des plats dans sa cuisine extérieure située en bordure de rue.
Vincent Durand-Dubé sous-loue la terrasse de la crèmerie Le Patio depuis le 1er novembre pour y vendre ses plats de raclette à emporter. Il a monté ce projet temporaire pour maintenir son service de traiteur qui tourne au ralenti depuis l’imposition des restrictions liées à la pandémie. Peu de temps après son installation, il dit avoir reçu des courriels de la Société de Développement de l’Avenue du Mont-Royal (SDAMR) lui demandant de mettre un frein à cette activité.
Cette dernière dénonce le manque d’équité du projet par rapport aux autres commerçants. Elle dit aussi que le règlement municipal n’autorise pas de cuisiner à l’extérieur.
«On ne peut pas laisser une seule personne contourner la réglementation, sous prétexte qu’elle se réinvente. Si tout le monde faisait ça, il n’y aurait plus aucun cadre, dit Claude Rainville, directeur général de la SDAMR. L’idée de cuisiner et de vendre à l’extérieur n’est pas mauvaise, mais le débat va au-delà. Il faut en discuter avec la Ville et s’assurer que les règles soient cohérentes pour tous les commerçants.»
«Tous les commerçants veulent se réinventer, mais cela ne peut pas se faire sans règles établies avec la Ville.» – Claude Rainville, directeur général de la SDC de l’Avenue Mont-Royal, qui rappelle qu’il n’a pas de pouvoir décisionnel et que c’est à l’arrondissement d’appliquer les règles.
«J’essaye juste d’être créatif et j’ai trouvé une façon de survivre, répond M. Durand-Dubé. En plus ça donne un coup de pouce au propriétaire du Patio puisque je loue son emplacement.»
Zone grise dans la réglementation ?
Dans un reportage de Radio-Canada, la conseillère d’arrondissement Marie Plourde précise que les commerçants doivent se réinventer «à travers un cadre réglementaire» et que M. Durand-Dubé «allait sûrement recevoir des contraventions».
«Les 700 restaurateurs du Plateau Mont-Royal qui ont déjà pignon sur rue, qui paient leur loyer à l’année, des taxes, des cotisations à leur société de développement commercial et leur permis trouvent-ils équitable qu’un nouveau joueur s’installe en faisant fi des règles? La question se pose. Je suis ouverte à entendre la réponse.» – Marie Plourde, conseillère d’arrondissement
Depuis la diffusion de ce reportage sur les ondes du diffuseur public, un flot de clients se présentent sans cesse au comptoir de la Raclette du Patio.
M. Durand-Dubé affirme qu’il continuera de vendre ses plats en l’absence d’une interdiction formelle.
«On ne nous donne aucune directive. On nous dit juste qu’on a pas le droit d’être là, qu’on va recevoir des amendes, mais aucun texte de loi ne semble être contre nous.» – Vincent Durand-Dubé, propriétaire de la Raclette du Patio.