À la frontière d’Hochelaga-Maisonneuve et du Centre-Sud se trouve un atelier communautaire libre-service unique en son genre. Nommé LESPACEMAKER, cet espace collaboratif offre des outils, des formations et une vision communautaire où le partage est maître.
Il y a quatre ans, une trentaine d’artistes et artisans ont saisi le potentiel de cet espace de 10 000 pieds carrés inutilisés. C’est notamment le cas d’Arno, qui nous accueille pour la visite. Ils se sont approprié ce lieu pour en faire un makerspace, c’est-à-dire un lieu de travail collaboratif où tout est partagé, de l’espace jusqu’aux outils, en passant par les tâches ménagères.
Le lieu est comme une colocation à 170 personnes. Comme dans une colocation, on a tous une responsabilité commune par rapport à l’entretien et les besoins fondamentaux. Personne n’est embauché pour l’entretien et la supervision, c’est notre job de membre et ça nous permet une plus grande abordabilité au projet parce qu’on diminue les coûts.
Arno, cofondateur de LESPACEMAKER
Plus de partage, plus de possibilités
Les membres artistes ou artisans se divisent donc les tâches et les frais pour les équipements de LESPACEMAKER. Cela leur offre le luxe de diviser les coûts pour des équipements de fine pointe et d’acquérir de nouveaux outils plus facilement.
Arno présente, à titre d’exemple, la nouvelle machine de découpage au laser que l’espace collaboratif s’est procurée. Celle-ci a été acquise après une campagne de sociofinancement et avec la contribution des membres. Celles et ceux qui le souhaitent peuvent suivre une formation avec François, l’opérateur de la machine, à un prix réduit.
Le membre de LESPACEMAKER spécifie cependant que les gens qui souhaitent devenir membres doivent savoir utiliser les équipements et sont soumis à une formation obligatoire par un pair spécialisé dans l’utilisation d’une des machines, pour s’assurer de leur capacité à les utiliser.
Une plus grande liberté créatrice
En plus de l’accès à plusieurs outils spécifiques et à de la machinerie dispendieuse, le partage des coûts permet de réduire l’impact financier du loyer sur chaque artiste et artisan, leur permettant d’avoir un lieu pour travailler «plus librement».
«On veut que les gens s’accordent entre eux et quand ils réalisent que les coûts d’opération sont tellement moindres que ça leur donne plus de liberté quant à ce qu’[ils peuvent] faire, ça permet une plus grande coopération et un plus grand respect envers leur art et envers les autres», affirme Arno au sujet de l’augmentation du potentiel créatif dans les projets individuels et collectifs que la forme collective entraîne.
Ouvert au public
Au-delà de la contribution financière des membres et des différentes institutions, LESPACEMAKER organise régulièrement des événements musicaux ou sociaux pour récolter des fonds pour ses différents projets, ou simplement pour faire connaître l’atelier communautaire.
C’est notamment le cas pour Marché Libre Cours, un événement organisé depuis trois ans dans le cadre des Journées de la culture. Ayant eu lieu les 1er et 2 octobre cette année, l’événement permettait au public de visiter LESPACEMAKER et d’y rencontrer des artistes, artisans et autres créateurs qui transmettaient leurs différentes passions. Il y avait également des ateliers d’initiation où il était possible de créer ses propres bracelets en cuir, de découvrir le feu et la forge, et de participer à une murale collective, en plus de pouvoir encourager l’établissement financièrement.
Cet événement a aussi permis à des artistes moins connus de performer sur scène pour animer la soirée, en plus de solliciter les membres de l’atelier communautaire pour créer les décorations pour la scène. Fidèle à l’approche participative de LESPACEMAKER, ces événements offrent la chance au plus grand nombre de créer de l’art grâce à l’entraide.