Durement touché par le coronavirus, Montréal-Nord n’est pas prêt pour un déconfinement, préviennent une vingtaine de personnalités publiques. Dans une lettre ouverte, ils exigent que des mesures soient mises en place pour mieux protéger la population vulnérable du secteur.
«Alors qu’on peine à prendre les mesures qui s’imposent face à cette propagation, les gouvernements planchent sur des scénarios de déconfinement, peut-on lire dans la lettre cosignée par représentants d’organismes, personnalités politiques et citoyens. Or, comme la santé et la sécurité des personnes vulnérables de notre communauté sont plus que jamais à risque, les prochaines semaines font maintenant craindre le pire.» -Extrait de la lettre ouverte
Lors des dernières semaines, Montréal-Nord s’est hissé au sommet des arrondissements les plus touchés par le coronavirus, proportionnellement à leur population. Selon les plus récentes données de la Santé publique, son taux d’infection s’élève maintenant à 1256 pour 100 000 personnes.
Or, la Santé publique a récemment conclu que la transmission y était trop diffuse pour intervenir de façon ciblée dans le quartier. Sur le terrain, les signataires de la lettre font le constat que les mesures mises en place dans le quartier sont insuffisantes. Ils demandent que certaines interventions soient faites avant le déconfinement, pour garantir la protection de la population.
«On n’est pas prêt pour un déconfinement», mentionne la porte-parole de la lettre Wissam Mansour. Citoyenne de Montréal-Nord, elle siège sur le conseil d’administration du collectif Hoodstock depuis huit ans.
Les auteurs réclament notamment l’accélération de la mise en place de corridors sanitaires, la capacité de réaliser des tests dans l’arrondissement et que les données sur la contamination soient plus transparentes.
«On veut vraiment que des mesures soient accélérées et mises de l’avant pour que notre population demeure en santé et évite les facteurs de contamination le plus possible, mentionne la conseillère d’arrondissement indépendante et signataire de la lettre Renée-Chantal Belinga. On est à six semaines de la crise et Montréal-Nord est très densément peuplé.»
Des problèmes qui ne datent pas d’hier
Les auteurs de la lettre déplorent que Montréal-Nord souffre davantage de la crise que le reste de la population en raison d’enjeux profonds qui ont tardé à être pris en compte par les pouvoirs publics.
«Notre arrondissement se caractérise par des problèmes sociaux qui auraient dû alerter les autorités bien plus tôt : ressources insuffisantes en santé et services sociaux, déserts alimentaires, organismes communautaires sous-financés, absence d’alternatives aux transports en commun, manque d’accès à Internet, insalubrité des logements, etc.», peut-on lire.
«Personnellement, je suis inquiète depuis le début, souligne Wissam Mansour. On connait déjà les enjeux économiques et sociaux à Montréal-Nord et on sait qu’une crise sanitaire va être beaucoup plus difficilement traversable».
Les demandes de la lettre:
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