Mylène Parisé est l’une des archéologues qui travaillent actuellement sur le chantier de fouilles du village de Pointe-Claire prévu jusqu’en septembre.
L’évolution de l’environnement québécois m’intéresse vraiment. Comprendre comment les gens ont vécu et ce qu’il y avait avant.
Mylène Parisé, archéologue
À la fois mère de famille et archéologue aventurière, à 41 ans, Mylène Parisé est une femme accomplie et totalement passionnée par son métier. «J’aime tout dans ce travail. Ce n’est pas redondant, car les contextes varient tout le temps avec des mandats différents, je travaille à chaque fois avec de nouveaux coéquipiers, et on découvre de nouvelles parties du territoire québécois» explique la maman de trois enfants, qui réside désormais en Gaspésie, après avoir fait un baccalauréat en anthropologie à l’Université de Laval avec une spécialisation archéologie à Montréal. «Depuis toute jeune, j’ai toujours eu un intérêt pour toutes les formes de cultures et la diversité. Et puis, je suis issue de la génération qui écoutait l’émission Les Mystérieuses Cités d’Or à la télévision et rêvait de découvrir des sociétés perdues» raconte-t-elle en riant.
Premières Nations et histoire québécoise
Si les cités incas et mayas la fascinaient durant l’enfance, Mylène Parisé s’est finalement découvert une passion pour le peuplement initial du Québec et les premiers groupes qui ont occupé le territoire. D’ailleurs, lorsqu’on demande à l’archéologue son meilleur souvenir de fouilles, elle évoque avec ferveur une intervention au nord, dans la toundra en Alaska, accessible uniquement en hélicoptère.
C’est fou de se dire que quelqu’un a marché là il y a si longtemps, et touché ces mêmes objets que l’on a retrouvé.
Mylène Parisé, archéologue
«On était en pleine nature avec les caribous et les grizzlis. On dormait en tente, là où les glaciers se sont retirés et où le sol parle. On avait trouvé toutes sortes d’objets autochtones, datant de la préhistoire, ainsi que des traces d’habitations.»
Faire jaillir le passé de Pointe-Claire
Les travaux d’archéologie qui se déroulent présentement sur les avenues Saint-Joachim et Sainte-Anne dans le centre du village de Pointe-Claire sont requis, car le site est identifié au schéma d’aménagement et de développement de l’agglomération de Montréal en tant que secteur d’intérêt archéologique. Les recherches permettent de reconstituer le passé par l’étude de vestiges matériels, en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel. Sur ce chantier qui rassemble une dizaine d’archéologues, Mylène Parisé est employée par la coopérative de travail en recherche archéologique Artefactuel. Après des tranchées creusées à la pelle mécanique, de plus petites ouvertures sont réalisées pour explorer des zones ciblées.
«C’est un contexte urbain, mais ça reste une aventure qui permet d’en découvrir davantage sur une zone méconnue, et d’ailleurs on fait des trouvailles au quotidien depuis le début des fouilles» précise Mylène Parisé.
«On a découvert que le lieu a été fortifié avec une palissade en bois qui protégeait le village. On a trouvé une structure qui se reliait au parvis de l’église, et des vestiges reliés à la 2e église. Il y aussi des vestiges d’habitations qui remontent au 18e siècle, avec des objets du régime anglais et français» raconte l’archéologue.
En 2019 un inventaire avait déjà été effectué sur la pointe Claire, permettant de découvrir des murets ayant possiblement constitué les anciens cimetières, l’église et le couvent des Sœurs de la Congrégation Notre-Dame construit en 1784. «Pourvu que l’on fasse d’autres découvertes extraordinaires» souhaite Mylène Parisé, qui espère ne pas avoir trop de pluie lors de ce chantier, afin d’optimiser les chances de faire de nouvelles trouvailles historiques.