Saint-Laurent

Madeleine Poisson, pour l’amour des familles de Saint-Laurent

Chaque vendredi, Madeleine Poisson espère capter l’imagination des jeunes immigrants.

Certains la reconnaissent sous le pseudonyme de «Philomène», d’autres se souviennent d’elle comme leur enseignante dans une des écoles primaires de Saint-Laurent. Depuis près de 40 ans, Madeleine Poisson veille à l’éducation et l’intégration des plus jeunes immigrants.

Vendredi, une forte tempête s’abattait sur le Québec. Pour Souad Charifi, pas question que sa petite-fille Yasmine rate l’activité d’éveil à la lecture et à l’écriture «Le monde de Philomène». Elles sont les seules à avoir bravé la neige pour se rendre à la Maison des familles.

«C’est très intéressant pour motiver les enfants, dit Mme Charifi, originaire d’Algérie. Yasmine voulait venir plutôt que d’aller à la garderie.»

Madeleine Poisson a lancé bénévolement cette activité lorsqu’elle a pris sa retraite, en 2016. Elle a éventuellement accepté d’étendre son offre à l’ensemble de l’arrondissement à l’invitation du Comité des organismes sociaux de Saint-Laurent (COSSL).

Détecter les difficultés

En 35 ans de carrière, elle a presque uniquement été dans des classes d’accueil maternelles, et ce, dans 17 écoles laurentiennes.

«C’était ce que j’aimais le plus, lire des histoires quand j’enseignais», affirme Mme Poisson.

Malgré l’insistance de ses supérieurs à d’autres niveaux, elle a tenu à rester à la maternelle. Sa motivation était «profonde, intrinsèque».

Dyslexique, dyspraxique et dyscalculique, Mme Poisson voulait dépister les difficultés d’apprentissage chez les enfants en bas âge et du même coup, être en mesure de rassurer les parents.

Certains élèves venant tout juste d’immigrer peuvent présenter un certain mutisme en raison du choc culturel. Pour être mieux outillée, Madeleine Poisson a fait une maîtrise sur le sujet, lui permettant de développer une grille d’observation de la communication non verbale.

«Je peux dire quand tu es en accord ou non, ce que tu penses ou pas, parce que je te regarde et je sais dire», souligne la retraitée.

Cette technique provient de l’éthologie, soit la science de l’observation du comportement animale.

Acceptation

Madeleine Poisson a également pu voir Saint-Laurent grandir.

«J’ai connu pas mal toutes les vagues [d’immigration]: les Somaliens, les Asiatiques, le Cambodge quand il était en guerre, le Laos», raconte celle qui a vécu une quinzaine d’années à Saint-Laurent avant de s’installer dans l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville.

Son plus grand défi a été d’assurer l’acceptation de cette clientèle avec les autres élèves.

«Il y a des gens qui me disaient: ‘dans la cour de récréation, ta petite Noire a bousculé les autres’. Je disais: ‘J’n’en ai pas de Noirs cette année’, raconte-t-elle. Je ne les voyais plus. Je ne voyais pas la couleur.»

En plus de ses implications en enseignement, Mme Poisson a participé à l’élaboration de la Maison de l’enfance au courant des années 2000, en étant sur l’ensemble des tables de concertation en petite enfance de Saint-Laurent.

Plus tard, elle a réalisé un retour au sein de l’organisme en devenant membre du conseil d’administration.

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