Les parcs de Saint-Léonard sont beaux et verdoyants, mais «pas pour les jeunes», conclut un projet de recherche sur la cohabitation intergénérationnelle dans l’arrondissement.
Dans une synthèse non finale du projet, que Métro a pu consulter, les jeunes expriment leur faible intérêt pour les parcs de l’arrondissement. Une vision qui diffère de celles des aînés et des adultes interrogés dans l’étude, lesquels s’avèrent satisfaits de ces espaces.
Le rapport fait également état de conflits mineurs entre générations qui s’expliqueraient par le manque d’espaces et d’activités conçus pour les jeunes.
Cette étude est le fruit d’une collaboration entre les organismes DOD Basketball et Respire et la chercheuse Hien Pham, de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Dans un groupe de discussion, 27 participants – aînés et jeunes – ont pu s’exprimer sur des photos d’espaces publics qu’ils avaient prises au préalable. Des entrevues avec des agents sociocommunautaires et des commerçants ont été menées ainsi que des observations.
Des parcs mal adaptés aux jeunes?
Divers facteurs expliqueraient le manque d’intérêt des jeunes pour certains parcs: manque de certains équipements sportifs et récréatifs, absence d’espaces pour les activités libres, surutilisation des skateparks et terrains de basketball, et mauvais entretien des terrains de soccer.
Les jeunes pointent ainsi du doigt le manque d’accessibilité des parcs. Cela serait dû, d’après les chercheurs, à la «présence d’activités fédérées». À Saint-Léonard, il y a beaucoup de terrains sportifs, mais les horaires libres y sont limités, les clubs étant prioritaires.
Les résultats de la recherche résonnent avec les inquiétudes exprimées par de jeunes Léonardois quant à une potentielle conversion du bassin de rétention du parc Delorme en terrain de sport réglementé. Celui-ci est actuellement utilisé pour du soccer libre, une façon de prévenir la criminalité, selon des familles riveraines.
En 2016, Saint-Léonard et l’administration de Denis Coderre étaient allés de l’avant, contre l’avis d’usagers qui avaient lancé une pétition que 1000 personnes avaient signée, avec la conversion de terrains de jeu libre en terrains de baseball au parc Garibaldi.
Pour mieux intégrer les jeunes, les participants à l’étude recommandent entre autres d’augmenter le nombre d’espaces pour la jeunesse et de rendre les espaces sportifs et récréatifs plus accessibles.
Des activités perçues comme des incivilités?
Les chercheurs montrent que les activités des jeunes dépourvus d’espaces où se réunir dans le secteur sont souvent considérées comme déviantes par les adultes. Les jeunes jouent, chillent, boivent, mangent et écoutent de la musique dans l’espace public.
Ces activités, décrites comme essentielles pour que les jeunes se réapproprient l’espace public, ont plus fait jaser les participants que la montée de la criminalité. Les adultes et aînés ont même parlé d’ « incivilités».
La recherche fait le lien entre ces conflits et le traitement raciste et discriminatoire des jeunes. Certains d’entre eux ont ainsi révélé aux chercheurs avoir subi des discriminations à l’entrée de certains centres commerciaux.
Sur la question de la sécurité, les participants ont entre autres proposé de créer des ateliers de médiation ou de sensibiliser et éduquer les jeunes et les aînés.
D’autres résultats sur la cohabitation entre jeunes et ainés
Le rapport final de l’étude devrait être dévoilé en novembre, autour de la Semaine québécoise des rencontres interculturelles, aux côtés d’une exposition des photos des participants.
En attendant, un livre-photo a déjà été publié, et un balado et la synthèse finale devraient bientôt être rendus publics.