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Croquer la lecture en panjabi, espagnol ou gujarati

Photo: Les Nouvelles Saint-Laurent News/Patrick Sicotte


Pour le développement langagier de tous les enfants de Saint-Laurent, où plus d’une personne sur deux n’est pas née au Canada, un croque-livres multilingue a vu le jour. Située près de la Maison de l’enfance, la boîte à livres est une initiative de l’orthophoniste Sabah Meziane.

L’idée d’une boîte à livres avec des ouvrages dans plusieurs langues trotte depuis longtemps dans la tête de celle qui est derrière le programme de stimulation langagière pour enfants réfugiés StimuLER, créé en 2015 et proposé dans plusieurs écoles laurentiennes.

«L’éveil à la lecture est important, pour éviter les difficultés langagières, mais il peut être difficile pour les allophones», explique Mme Meziane.

Des livres en tamoul, gujarati, ourdou [des langues de l’Inde], arabe, mandarin, arménien, espagnol sont notamment disponibles dans le nouveau croque-livres, inauguré le 19 juillet. Il y a également des ouvrages en français et en anglais ainsi que des bilingues, gujarati et anglais par exemple.

«Nous avons sélectionné les langues par rapport aux communautés qui fréquentent l’école Enfant-Soleil, précise l’orthophoniste. Cependant, il y a beaucoup de réfugiés qui arrivent d’Afrique, où de nombreuses langues sont de tradition orale et il a été difficile de trouver des livres dans ce cas.»

Des ouvrages sans texte sont également proposés, notamment pour les parents analphabètes. «Il est important de développer l’imagination, autant des enfants que des parents», ajoute-t-elle.

La directrice de la Maison de l’enfance souhaitait quant à elle un croque-livres pour mettre l’accent sur le contact avec le livre tout en favorisant les langues maternelles.

Les deux organismes se sont donc naturellement retrouvés, au point de projeter une association au niveau préscolaire, afin de compléter le travail fait dans les écoles primaires par le programme StimuLER.

Langues maternelles
Dans un arrondissement où 83 % des résidents sont soit nés à l’étranger, soit d’au moins un parent né à l’extérieur du Canada, la question de parler en français ou dans sa langue maternelle à la maison se pose.

Les cinq principaux pays d’origine des immigrants sont, dans l’ordre recensé en 2016, le Liban, la Chine, le Maroc, la Syrie et l’Égypte. Près de 15 000 personnes ont pour langue maternelle l’arabe.

«La francisation est importante, précise l’orthophoniste Sabah Meziane, mais il ne faut pas faire culpabiliser les parents qui ne maîtrisent pas bien la langue française de ne pas la parler à la maison.»

Le développement langagier de l’enfant est essentiel, peu importe la langue, qui doit être de qualité. «Cinq jours par semaine à la garderie ou à l’école sont suffisants pour la prononciation du français», certifie-t-elle.

La Maison de l’enfance abonde dans le même sens. «Nous travaillons avec des orthophonistes pour offrir la meilleure qualité de langue et le meilleur modèle possible», explique Patrice Gauthier, conseiller pédagogique aux centres de la petite enfance (CPE) Tchou-Tchou et La Mosaïque, situés dans la Maison de l’enfance, avenue Sainte-Croix..

Les deux organismes valorisent l’utilisation de la langue maternelle dans la famille, tout en laissant le choix au parent, notamment s’il est à l’aise en français.

Toute famille peut se servir dans le croque-livres installé dans le stationnement du CLSC de Saint-Laurent et est invitée à déposer des ouvrages pour enfants, si elle en possède.

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