L’allure que prendra le futur REM de l’Est dans le centre-ville de Montréal sera réévalué par la Caisse de dépôt et placement du Québec après plusieurs critiques concernant la fracture qui serait créée dans le paysage montréalais. Mais l’option d’une structure aérienne demeure la seule envisagée.
CDPQ Infra, la filiale de la Caisse de dépôt en charge du prolongement du Réseau Express Métropolitain (REM) vers l’est de Montréal, a mandaté un nouveau comité d’experts sur l’intégration urbaine et architecturale du projet à la suite de la démission de deux firmes d’architectes.
«Après avoir sondé le marché pour sélectionner une firme d’architecture, nous avons décidé de mandater un comité aviseur pluridisciplinaire composé d’experts indépendants et québécois pour participer à l’élaboration des lignes directrices prescriptives sur l’architecture qui seront imposées aux soumissionnaires dans le cadre du processus d’appel d’offres pour le contrat de construction», indique le directeur des communications de CDPQ Infra, Jean-Vincent Lacroix.
Cela arrive après que deux firmes d’architectes qui travaillaient avec la Caisse de dépôt pour le prolongement du REM vers l’est de Montréal ont récemment quitté le navire, révèle un article publié dans le Journal de Montréal mardi matin.
On y apprend qu’elles jugeaient inacceptables les structures aériennes au centre-ville de Montréal. Le train léger devrait longer le boulevard René-Lévesque sur plusieurs kilomètres, affectant grandement le paysage du centre-ville.
Selon les informations du Bureau d’enquête du Journal, c’est spécifiquement la portion aérienne prévue entre la Gare Centrale et la rue Notre-Dame, sur René-Lévesque, qui a amené les firmes québécoises Daoust Lestage Lizotte Stecker et STGM à démissionner dans les dernières semaines.
Leurs services avaient été retenus en novembre dernier pour réaliser la signature architecturale de la deuxième phase du REM.
Jean-Vincent Lacroix rappelle que la solution aérienne du REM de l’Est au centre-ville de Montréal a été identifiée suivant une analyse d’ingénierie rigoureuse de six scénarios d’insertion en sous-terrain.
Ceux-ci faisaient état d’embuches liées soit à la présence d’égouts séculaires, de lignes de métro ou de zones au sol meuble, posant même des risques d’affaissement par endroits. L’explosion des coûts est aussi avancée.
CDPQ Infra planche donc toujours sur une structure aérienne, mais le nouveau comité d’expert s’assurera qu’elle soit aussi bien intégré que possible à l’environnement du centre-ville.
Autres oppositions au tracé aérien
Depuis l’annonce du projet du REM de l’Est, à la mi-décembre, de nombreux experts et élus ont fait part de leurs craintes quand aux répercussions des structures aériennes massives du projet sur le centre-ville.
Face à ces inquiétudes, les élus du conseil municipal ont adopté une motion le mois dernier demandant notamment à ce qu’un comité d’experts analyse la possibilité de faire passer le REM en souterrain au centre-ville.
Selon la mairesse de Montréal, Valérie Plante, «le débat» concernant le tracé au centre-ville de Montréal doit se poursuivre.
La semaine dernière, Québec Solidaire demandait aux responsables du projet d’enterrer l’idée d’un tracé aérien, mais dans l’est de Montréal cette fois.
Une pétition en ce sens avait été publiée sur le site de l’Assemblée nationale.
La députée de Mercier et responsable de QS en matière de transports, Ruba Ghazal, estime que Montréal n’a pas besoin d’une autre cicatrice urbaine comme la «cauchemardesque» autoroute métropolitaine.
Et l’élue n’est pas la seule. Le Collectif en Environnement Mercier-Est (CEM-E) réitère aussi sa farouche opposition à un tracé aérien, appuyant ainsi la déclaration faite le 1er février par l’arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve (MHM).
Ce dernier demandait, entre autres, au gouvernement du Québec et à son mandataire la CDPQ Infra d’étudier des scénarios d’implantation desservant le centre de Mercier-Est en souterrain et en tranchée pour sa branche est. Il suggère aussi des tracés alternatifs, notamment par l’emprise ferroviaire Souligny.
Jusqu’alors, CDPQ Infra s’opposait toujours à un tracé souterrain dans l’Est, de même qu’au centre-ville.