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Le débat au sujet du REM souterrain doit continuer, dit Valérie Plante

Photo: Josie Desmarais/Métro

La possibilité de faire passer le Réseau express métropolitain (REM) en souterrain au centre-ville de Montréal a reçu une fin de non-recevoir de la filiale de la Caisse de dépôt et placement du Québec responsable du projet. La mairesse de Montréal, Valérie Plante, estime toutefois que «le débat» sur cette question doit se poursuivre.

Depuis l’annonce du projet du REM de l’Est, à la mi-décembre, de nombreux experts et élus ont fait part de leurs craintes quand aux répercussions des structures aériennes massives du projet sur le centre-ville. Le train léger devrait longer le boulevard René-Lévesque sur plusieurs kilomètres, affectant grandement le paysage du centre-ville.

Face à ces inquiétudes, les élus du conseil municipal ont adopté une motion le mois dernier. Celle-ci demandait notamment à ce qu’un comité d’experts analyse la possibilité de faire passer le REM en souterrain au centre-ville.

Le président et chef de la direction de CDPQ Infra, Jean-Marc Arbaud, a toutefois rejeté cette option en entrevue à La Presse. Dans un article publié vendredi, on apprend que les équipes de la filiale de la Caisse ont étudié six scénarios souterrains pour le REM du centre-ville. Ceux-ci faisaient état d’embuches liées soit à la présence d’égouts séculaires, de lignes de métro ou de zones au sol meuble, posant même des risques d’affaissement par endroits. L’explosion des coûts est aussi avancée.

Un débat toujours pertinent, selon Valérie Plante

CDPQ Infra conclut donc que si on devait lui imposer de faire passer son futur train léger en souterrain au centre-ville, elle devrait annuler le REM de l’Est, un projet évalué à 10 G$. La mairesse de Montréal maintient toutefois sa position.

«Je pense que CDPQ fait son travail. Ce sont des experts en technologie et ils gèrent le train. Tant mieux s’ils font leurs analyses et qu’ils les présentent. C’est normal. Tout comme c’est normal que la Ville fasse part des préoccupations de la population et de plein de groupes [quant à] l’intégration de ce mode de transport structurant», a déclaré Mme Plante vendredi, en marge d’une conférence de presse virtuelle.

«Selon moi, le débat qui doit avoir lieu, il est sain», a-t-elle renchéri, quant à la possibilité de faire passer le REM en souterrain.

Une position partagée par le directeur général de la société de développement commercial (SDC) Montréal centre-ville, Glenn Castanheira, qui milite lui aussi pour un REM en souterrain dans ce secteur.

«En 2021, après avoir envoyé un robot sur mars et avoir créé un vaccin contre la COVID, on ne serait pas capable d’enfouir un train. […] Ça me surprend beaucoup», lance-t-il en entrevue à Métro.

«Ce qui me désole, c’est qu’on mette en opposition comme quoi s’il n’y aura pas de structures aériennes, il n’y aura pas de REM de l’Est. Ça me désole beaucoup.» – Glenn Castanheira, directeur général de la SDC Montréal centre-ville

Avoir une vision à long terme

Plusieurs experts s’entendent d’ailleurs pour dire que le fait de faire passer le REM en mode souterrain pourrait affecter l’économie du centre-ville de Montréal.

Professeur à la Faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal (UdeM), Jean-Philippe Meloche souligne que les structures aériennes du REM feront perdre d’importantes superficies au centre-ville qui ont une valeur foncière élevée. La Ville y sera donc perdante, elle qui tire la majeure partie de ses revenus de l’impôt foncier.

«Avoir un train souterrain au centre-ville, ça permet de conserver des superficies qui ont de grandes valeurs foncières. Donc, ça coûte plus cher [à construire], mais ça vaut plus cher au final», explique l’expert. Ce dernier rappelle d’ailleurs que ces structures seront en place pendant des décennies, telle des cicatrices au coeur de la métropole.

«C’est sûr que ça va coûter moins cher [d’opter pour des structures aériennes], mais après, on est pris avec toutes les nuisances que ça va générer dans le paysage de Montréal», souligne M. Meloche, qui est aussi spécialiste en infrastructures de transport.

L’expert estime donc que d’autres analyses s’imposent sur la possibilité de faire passer le REM en souterrain au centre-ville. Le projet de REM de l’Est, qui prévoit la construction de 23 stations sur 32 kilomètres, fera d’ailleurs l’objet de consultations publiques ce printemps.

«Les élus doivent à un moment donné mettre le poing sur la table en disant que ça va coûter plus cher, mais que les gains seront plus grands [si on construit le REM en souterrain].» -Jean-Philippe Meloche, professeur à la Faculté de l’aménagement de l’UdeM

Impacts économiques

En entrevue à La Presse, Jean-Marc Arbaud a donné l’exemple du Big Dig, cette autoroute souterraine de Boston dont la construction a pris plusieurs années de plus que prévu et dont la facture a explosé. En contrepartie, le projet a toutefois permis de verdir l’espace au-dessus du tunnel et de libérer de l’espace pour des projets immobiliers.

«Trouvez une personne à Boston qui vous dirait aujourd’hui qu’on n’aurait pas dû enfouir le Big Dig», lance M. Castanheira.

Selon lui, les structures aériennes du REM affecteront assurément la vitalité commerciale du centre-ville, qui écope déjà durement de la pandémie.

«Si ça n’avait pas d’impacts sur l’économie, le métro serait aérien […] C’est sûr que ça va avoir des impacts sur l’économie», affirme-t-il.

Le REM de l’Est pourrait se concrétiser en 2029.

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