Plusieurs nouveaux partis politiques montréalais fourbissent leurs armes en prévision des prochaines élections municipales. Si certains veulent détrôner Valérie Plante, d’autres préfèrent se concentrer sur un seul arrondissement. Ils pourraient, dans tous les cas, contribuer à une division du vote, selon une experte.
En 2017, huit partis politiques ont pris part aux élections municipales à Montréal, dont certains ont disparu depuis. Or, à près de huit mois du jour du vote, on compte 13 formations montréalaises inscrites auprès du Directeur général des élections du Québec. De ce nombre, huit partis ont été constitués au cours des derniers mois. Quatre d’entre eux visent la mairie de Montréal.
«On veut diminuer le nombre d’élus, qui est totalement superflu», lance l’homme d’affaires et commerçant Gilbert Thibodeau, donnant ainsi un avant-goût de la plateforme électorale de son nouveau parti, Action Montréal. Ancien candidat pour Denis Coderre à la mairie du Plateau-Mont-Royal, en 2013, M. Thibodeau a brigué la mairie de Montréal aux dernières élections à titre d’indépendant. Il a alors remporté 0,35% des votes.
L’homme de 63 ans, qui souhaite aussi réduire la bureaucratie à la Ville afin de réaliser des économies, tentera donc de nouveaux sa chance cette année, cette fois à la barre de son propre parti. Celui-ci compte d’ailleurs déjà une douzaine de candidats pressentis, indique-t-il en entrevue.
Des partis se fragmentent
À la mi-janvier, on apprenait que l’ancien conseiller politique Félix-Antoine Joli-Coeur se lançait à la tête d’un nouveau parti, Ralliement pour Montréal. Il a toutefois quitté cette formation quelques semaines plus tard. «On a décidé d’un commun accord de faire bande à part», explique M. Joli-Coeur, qui a depuis fondé un nouveau parti, Engagement pour Montréal.
«On veut vraiment être présents dans les 19 arrondissements. C’est notre objectif», assure l’homme dans la quarantaine, qui a notamment conseillé Gérald Tremblay et Pauline Marois par le passé.
Ralliement pour Montréal n’a pas disparu pour autant. Le parti présentera d’ailleurs un nouveau «manifeste» mardi prochain en vue d’établir sa vision et de «se faire connaître», indique son nouveau chef, Marc-Antoine Desjardins.
«Le plus gros ennemi pour tout le monde, c’est l’indifférence des gens. Il faut qu’on trouve une façon de rendre la politique intéressante de nouveau», évoque M. Desjardins, qui avait tenté de briguer la mairie du Plateau en 2019.
Signe de la fragmentation des formations politiques à Montréal, le noyau dur de Ralliement pour Montréal est constitué d’anciens membres de Vrai changement pour Montréal, le parti fondé en 2013 par l’actuelle ministre fédérale Mélanie Joly. La formation, qui n’a fait élire aucun de ses candidats en 2017, compte environ 300 membres à l’heure actuelle.
«Je vois ce fractionnement et ça me préoccupe […] Je trouve ça un peu dommage qu’on ne réussisse pas à rallier les gens davantage autour d’une idée centrale», soulève à Métro la chef intérimaire de Vrai changement pour Montréal, Justine McIntyre, qui ne sera pas candidate cette année. Le parti n’a d’ailleurs pas encore choisi son chef.
Vers une division du vote?
L’homme d’affaires et ancien conseiller municipal dans Lachine, Jean-François Cloutier, tentera lui aussi de briguer la mairie de Montréal en tant que chef du parti Équité Montréal. Il peut d’ailleurs déjà compter sur des candidats dans Lachine, le Sud-Ouest et le Plateau-Mont-Royal, indique-t-il à Métro.
«Ça ne m’étonne pas que le nombre de partis augmente […]. Il y a un vide actuellement parce qu’on ne sait pas qui sera le véritable opposant à Mme Plante. Et quand il y a un sentiment de vide, il y a un intérêt qui se manifeste», analyse la professeure à l’Université du Québec à Montréal et experte en gestion municipale, Danielle Pilette.
Elle estime d’ailleurs que ces nouveaux partis pourraient bénéficier aux deux principaux partis politiques à l’hôtel de ville, soit Projet Montréal et Ensemble Montréal, en ayant l’effet de «répartir un peu plus le vote».
«C’est sain qu’il y ait une multiplication des partis et des candidats. Ça démontre une vitalité démocratique dont on doit se réjouir», estime le directeur des communications de Projet Montréal, Julien Acosta.
Projet Montréal devra d’ailleurs faire face à une compétition accrue dans trois arrondissements sous sa gouverne, alors que de nouveaux partis politiques ont pris forme récemment dans Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, Outremont et Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension.
«La multiplication des partis est certainement le signe du mécontentement généralisé envers Projet Montréal et le signe que l’administration Plante a fait son temps», lance le chef intérimaire d’Ensemble Montréal, Lionel Perez. Le parti n’a pas encore choisi de remplaçant à M. Perez, qui n’entend pas briguer la mairie de Montréal.
Coderre maintien le suspense
Joint par Métro, Denis Coderre n’a pas voulu s’avancer sur son retour en politique. L’ex-maire de Montréal, qui publiera un livre sur sa vision de la métropole à la fin du mois, prépare toutefois déjà ses troupes, selon La Presse. M. Coderre aurait notamment approché la présidente-directrice générale de la Chambre de commerce de l’Est de Montréal, Christine Fréchette, de même que le boxeur et organisateur communautaire Ali Nestor, indique le quotidien.
Métro n’a pu confirmer ces informations auprès des principaux intéressés, jeudi. En entrevue au Journal de Montréal, vendredi, M. Nestor a toutefois indiqué qu’il ne comptait pas se lancer en politique.
Projet Montréal refuse pour sa part de spéculer sur le retour de Denis Coderre en politique municipale.
«On ne commentera pas le lent striptease de l’ancien maire. Que ce soit une lutte à 2 ou à 10, avec lui ou d’autres, ça ne change rien pour nous.» -Julien Acosta, directeur des communications de Projet Montréal
L’élection municipale aura lieu le 7 novembre.