Alors qu’un flou persistait depuis quelques jours quant à son avenir politique, Denis Coderre, le chef d’Ensemble Montréal, annonce qu’il quitte la politique municipale avec «le sentiment du devoir accompli». «Je ne serai plus dans la vie politique, je vais faire autre chose», a-t-il annoncé.
Après une deuxième défaite contre Valérie Plante, le politicien de 58 ans, maire de Montréal de 2013 à 2017, tournera donc le dos à la politique montréalaise, pour la deuxième fois.
Je ne serai plus dans la vie politique, c’est terminé je vais faire autre chose. […] Il faut savoir se retirer dans la vie et puis c’est ce que je fais. J’ai eu une vie accomplie sur le plan politique.
Denis Coderre
Le candidat malheureux à l’issue de la course à la mairie de Montréal s’est entretenu ce matin avec ses troupes au centre culturel Casa d’Italia. Les médias l’attendaient de pied ferme pour récolter un commentaire de sa part et des réponses sur l’avenir du parti.
Denis Coderre a souhaité attendre ce vendredi pour rencontrer «tout le monde» et leur annoncer qu’il quitte le parti. Lors d’une réunion de plus de trois heures, les membres du caucus et les élus ont échangé sur de multiples sujets. «C’était bien, c’était constructif et valorisant et ceux et celles qui avaient des choses à dire l’ont dit», a ajouté M. Coderre.
Denis Coderre, un «paratonnerre»
Devant les caméras, l’émotion du chef et de ses troupes était palpable. «On passe par toutes les émotions», a confié Denis Coderre.
Je pars avec le sentiment du devoir accompli. […] le mot ensemble a pris tout son sens aujourd’hui […] Moi je pars pas en disant salut c’est fini, je vais quand même m’assurer qu’il y a des paramètres à respecter.
Denis Coderre
Il a dit aux journalistes que ce qui l’avait le plus déçu de la campagne électorale était le faible taux de participation. «Si vous avez juste 26-27%, on commence à ressembler à une grosse commission scolaire», a-t-il dit. Il a aussi affirmé ne pas avoir «fait de campagne sale». «Je dors très bien le soir», a-t-il ajouté.
Le week-end dernier avait sonné le glas d’une campagne municipale de plusieurs mois. Denis Coderre n’a pas réussi à convaincre les Montréalais de lui confier à nouveau les rênes de la mairie. Il a récolté 38% des votes exprimés, contre 52% pour la mairesse Valérie Plante. Maigre consolation également du côté des arrondissements, où son parti Ensemble Montréal a réussi à faire élire six maires d’arrondissement, contre 11 pour Projet Montréal.
J’ai décidé de penser à moi parce que c’est clair que cette campagne électorale, c’était un paratonnerre sur Denis Coderre.
Denis Coderre
Des choix à faire
Pendant la campagne, M. Coderre avait laisser planer un flou sur ses intentions s’il ne remportait pas la mairie. «J’ai envie de rester, ça, c’est sûr, mais je pense que le plan A, c’est vraiment de gagner», avait répondu Denis Coderre, lors du débat télévisé de Radio-Canada. Pourtant, s’il l’avait souhaité, M. Coderre aurait pu prendre la place de sa colistière, Chantal Rossi. Celle-ci a été réélue comme conseillère de ville à Montréal-Nord dans le district d’Ovide-Clermont.
Le siège du chef de l’opposition est présentement vide et le restera jusqu’à «ce que le caucus le décide». «C’est pas à moi de choisir. Moi, je voulais juste m’assurer qu’on ait tous les atouts pour qu’on ait un parti en santé», a indiqué M. Coderre. La dette du parti aurait été réglée, dit-il.
Lionel Perez, chef de l’opposition par intérim d’Ensemble Montréal pendant quatre ans et candidat à la mairie de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, s’est incliné par 177 voix aux élections de dimanche. Christine Black, Jim Beis ou encore Alan DeSousa seraient pressentis pour prendre les rênes de l’opposition.
De son côté, Projet Montréal entend offrir «sa pleine collaboration à la personne qui sera désignée par Ensemble Montréal» pour occuper le poste de chef de l’opposition officielle à l’Hôtel de Ville.
Monsieur Coderre a Montréal à cœur, et nous lui souhaitons du succès dans ses projets futurs.
Cabinet de la mairesse de Montréal
Un scénario qui se répète
Restant silencieux sur son avenir en politique municipale dans son discours de défaite, Denis Coderre a préféré s’en prendre à la campagne électorale «la plus sale» qu’il ait «vécue de toute sa carrière en politique». Lors de la dernière ligne droite de la campagne, le politicien a revécu le scénario référendaire de 2017 et le spectre de la Formule E est revenu lui faire de l’ombre avec l’arrivée de l’histoire sur sa déclaration de revenus et la liste de ses clients. Un test de transparence auquel il a été acculé, puis a cédé, sous la pression des journalistes.
Denis Coderre avait choisi dès le soir de sa défaite face à Valérie Plante en 2017 de quitter une première fois la politique pour se rapprocher du secteur privé (notamment en tant que consultant auprès de Transcontinental). Il avait annoncé son grand retour en avril dernier. Il se présentait alors comme un homme nouveau, une version 2.0 qu’il dépeignait d’ailleurs dans son livre-programme Retrouver Montréal.
Le politicien de 58 ans a fait ses premiers pas en politique fédérale. Il cumule près de 40 ans de carrière en politique. Après plusieurs revers, il a été élu député libéral de Bourassa en 1997. Un siège qu’il a gardé pendant 16 ans, jusqu’en 2013. Pendant cette période, il est passé par le ministère de l’Immigration, le Conseil privé de la Reine et le ministère de la Francophonie. Éclaboussé par le scandale des commandites en 2004, il a été mis à l’écart du cabinet libéral.
En mai 2013, Denis Coderre a fait le saut en politique municipale et l’a emporté contre Mélanie Joly, du Vrai changement pour Montréal, Richard Bergeron, de Projet Montréal, et Marcel Côté, de Coalition Montréal.