Partout à travers le monde, militants et activistes appellent à repenser le rôle de la police dans les communautés, après des bavures qui ont soulevé les passions. La relation entre les citoyens et les agents de quartier peut être fragile, comme c’est le cas à Saint-Laurent, arrondissement synonyme de diversité.
Le poste de quartier (PDQ) 7 qui couvre le vaste territoire laurentien compte actuellement sur deux agentes sociocommunautaires et une conseillère en développement communautaire. Elles ont comme rôle d’assurer communication et collaboration avec les différents groupes et organismes locaux. Par exemple, à la fin du mois d’août, des couvre-visages cousus à la main ont été remis au Centre de pédiatrie sociale.
«Les policiers sont souvent appelés à aller avec elles, participer à des comités, des fêtes de quartier. Ils rencontrent des jeunes, des aînés, des personnes de différentes communautés», explique le commandant Jean Robillard, qui est en poste depuis plus d’un an.
Le PDQ 7 est par ailleurs membre du Comité des organismes sociaux de Saint-Laurent (COSSL).
«C’est un peu notre porte d’entrée auprès des organismes et nos citoyens», soutient M. Robillard. En étant présent un peu partout, ça nous permet d’avoir une communication. […] Les organismes nous rapportent les préoccupations des citoyens.»
L’arrondissement se targue d’être un modèle en matière de collaboration. «Au moins deux commandants de poste de quartier qui se sont succédé au fil des ans à Saint-Laurent (Éric Lapenna et Miguel Alstom) ont clairement affirmé qu’ils n’avaient jamais vu ailleurs sur le territoire montréalais autant de concertation et de volonté d’améliorer la sécurité et la qualité de vie de la communauté», fait-on savoir.
Le COSSL s’est par ailleurs abstenu de commenter.
«Je pense que le côté travail social, c’est la base de la compréhension du mandat [des agents.]» -Sandra Swenor
Défis
Le quartier Hodge Place-Benoit accueille chaque année plusieurs nouveaux arrivants. Le Centre communautaire Bon courage, qui y opère, accueille régulièrement des agents à sa radio communautaire La Voix St-Lo. «Souvent, les nouveaux arrivants n’ont pas cette relation-là dans leur pays d’origine avec l’autorité», dit la présidente du conseil d’administration Sandra Swenor.
Le commandant Robillard est conscient du défi que cela implique pour ses quelque 100 agents. «Plusieurs [immigrants] sont craintifs de faire appel à nos services ou même de parler à nos policiers, dit-il. C’est pour ça qu’on essaie d’être présent un peu partout. On a un but, c’est de démystifier le rôle de la police, de démontrer [son] accessibilité ici.»
La langue peut aussi être une barrière sur le terrain. Selon le profil sociodémographique de 2016, 59% de la population laurentienne était apte à avoir une conversation en français et en anglais. «On doit parler de sept à huit langues différentes dans le poste. Il y a peu de mouvement de personnel. Les policiers sont ici en connaissance de cause», dit M. Robillard.
À Montréal, le mouvement #DefundTheSPVM exige entre autres que l’argent investi dans la police montréalaise soit redirigé vers des programmes gérés par les communautés pour encourager notamment la justice transformative.
50%
Plus d’une personne sur deux résidant à Saint-Laurent est née à l’extérieur du Canada, selon le profil sociodémographique de 2016. Parmi elles, une sur cinq a reçu son statut officiel d’immigrant entre 2011 et 2016.