Deux propriétés, situées sur le boulevard Alfred-Nobel dans le Technoparc de Saint-Laurent, ont été achetées pour la somme de 74 M$ par le fonds de placement immobilier BTB. Si le logement à Montréal connaît une crise de l’abordabilité, qu’en est-il des infrastructures commerciales et industrielles?
Les propriétés de la société dans le Technoparc s’élèvent désormais au nombre de quatre. Dans son plan d’acquisition, BTB cible des espaces de bureau avec une base préexistante d’entreprises locataires.
Le directeur du Laboratoire en statistiques spatiales et développement urbain (LADU), Cédric Brunelle, avance que les immeubles industriels voient une hausse masquée de leurs prix, après une longue période de stagnation.
Alors que ces infrastructures ont été peu convoitées après la délocalisation de plusieurs productions manufacturières comme dans le cas du secteur Chabanel, la demande est actuellement forte.
«Sur les cinq dernières années, la valeur du pied carré a quasiment doublé», illustre le professeur agrégé de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS).
La récente évolution s’explique par la réémergence d’activités à même l’île, notamment des domaines de la technologie et de la pharmaceutique. Plusieurs des occupants dans les propriétés de la fiducie BTB travaillent dans ces secteurs.
Dans les effets de la pandémie sur l’activité économique et professionnelle à Montréal, il reste à voir ce qui est temporaire, ce qui durera et ce qui sera permanent.
Cédric Brunelle, directeur du Laboratoire en statistiques spatiales et développement urbain (LADU)
Les entrepôts sont aussi prisés, pour les besoins logistiques du commerce en ligne et de la livraison à domicile. «Le virage numérique de la vente au détail a commencé avant la crise sanitaire», précise l’expert en géographie économique, pour qui la pandémie a surtout accéléré le phénomène.
Mode hybride
La valeur des propriétés à vocation commerciale pourrait néanmoins baisser, indique le directeur de recherche. Avec le maintien du télétravail après la pandémie, les entreprises n’auraient plus la même demande pour les espaces de bureau.
Différents sondages indiquent qu’un mode partagé pourrait devenir monnaie courante.
Dans une enquête publiée par l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés (CRHA) en juin, 78% des CRHA interrogés ont avancé que leur employeur planifie un horaire réparti entre le télétravail et le présentiel après la crise sanitaire.
Près de la moitié des personnes ont dit travailler exclusivement à distance dans un questionnaire de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM). D’après les résultats diffusés en septembre, 28% des répondants divisaient leur semaine entre le domicile et le bureau.
«À la négociation des baux, les entreprises locataires auront la position de force», estime monsieur Brunelle. Pour lui, les locaux du centre-ville verront le plus l’impact du fonctionnement hybride postpandémie. La Société de transport de Montréal (STM) aura aussi moins d’usagers de ses services dans le secteur.
«Il n’y aura pas un effondrement, mais bien une transformation», nuance le professeur, pour qui le centre-ville gardera son attrait pour le monde des affaires.