Le Festival des arts de Saint-Sauveur aura trente ans cette année. Pour l’occasion, Métro s’est entretenu avec l’une des artistes participant à la soirée d’ouverture, la ballerine Maude Sabourin.
Résidente d’Hochelaga-Maisonneuve depuis deux ans, Maude Sabourin est soliste pour les Grands Ballets canadiens de Montréal. C’est en duo avec son complice Raphaël Bouchard qu’elle présentera la chorégraphie Dove la luna à Saint-Sauveur le 29 juillet .
Cette chorégraphie a été conçue par Jean-Christophe Maillot, le chorégraphe et directeur des Ballets de Monte-Carlo, une institution où Raphaël et Maude ont dansé ensemble pendant une dizaine d’années.
«Raphaël et moi, on a fait quasiment tout notre parcours de danse ensemble. On s’est rencontré à l’École supérieure du ballet du Québec et c’était mon partenaire au Jeune ballet du Québec.»
Lorsque Raphaël quitte le pays pour les Ballets de Monte-Carlo à Monaco, Maude va le rejoindre et se fait également engager par la compagnie européenne où elle sera ballerine pendant 12 ans.
Elle a seulement 18 ans à l’époque. L’expérience est enrichissante, mais également extrêmement intense. Maillot les fait parfois travailler pendant un mois ou deux sans jour de congé. Un rythme qui est très dur sur le corps, mais Maude mentionne que le chorégraphe a un don pour stimuler la motivation des danseurs malgré la fatigue.
«Il savait comment garder ses troupes motivées et totalement engagées. On avait vraiment l’impression de faire partie de quelque chose d’exceptionnel. Tout le monde avait ce sentiment que ta partie soit petite ou grande, tu étais totalement investi.»
De plus, comme le marché est restreint à Monaco, la compagnie est constamment en tournée à l’étranger, au point où elle s’interroge sur la pertinence d’avoir un appartement.
«Le seul continent que je n’ai pas fait, c’est l’Australie.»
Une pause pandémique
Les Grands Ballets ont repris les spectacles depuis la fin avril après une pause de plus d’un an où Maude s’est remise en question et s’est interrogée sur son utilité comme artiste.
«Je me suis sentie complètement inutile à la société. Il y a eu un gros moment de doute.»
C’était un sentiment nouveau pour Maude. Elle a senti le besoin de prouver son utilité, voire son existence en faisant des classes sur Zoom et des publications Instagram, une expérience qu’elle a trouvé épuisante et qui a provoqué un sentiment d’anxiété concernant la reprise après la COVID-19.
La reprise des spectacles, même s’il n’y avait que 200 personnes dans la salle, lui a mis un baume au cœur.
«Quand j’ai fait les saluts, j’avais les larmes aux yeux et je me disais : « ah mon Dieu, c’est pour ça que je fais ça! » Je n’avais jamais pensé vivre des émotions aussi fortes.»
Âgée de 33 ans, Maude ne sait pas combien de temps encore elle sera ballerine. Elle affirme vouloir s’arrêter à son «pic», mais n’écarte pas l’idée de devenir elle-même chorégraphe.