Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles

Homicides: une année qui a tristement médiatisé le nord-est de Montréal

Montage de policiers en noir et blanc.

La médiatisation des différents arrondissements du nord-est de Montréal n’a pas été des plus positives en 2021. En cause: les multiples coups de feu et homicides qui ont eu lieu, notamment dans des quartiers résidentiels. Retour sur ces événements qui ont entaché la vie paisible et familiale de nombreux résidents.

C’est en début d’année que, progressivement, la violence par armes à feu s’installe dans le nord-est de l’île. Si, jusque-là, les multiples fusillades se limitaient aux règlements de compte entre gangs rivaux, la ligne est franchie lorsque de jeunes victimes collatérales sont touchées en pleine rue.

C’est le cas de Meriem Boundaoui, 15 ans, qui perd la vie au mois de février à Saint-Léonard, et, plus récemment, de Thomas Trudel, 16 ans, tué en pleine rue dans le quartier de Saint-Michel. Les crimes par armes à feu se multiplient, s’étendant toujours un peu plus vers l’est de l’île et créant une réelle onde de choc en plein cœur de l’été.

Dans la soirée du 2 août, cinq personnes sont visées devant leur habitation. Trois d’entre elles succombent à leurs blessures. Tout Montréal est en état de choc.

«La fusillade de trop», lance Valérie Plante au lendemain de ce triste événement, lors d’une conférence presse.

Plusieurs escouades et investissements

Ce triple meurtre survenu à Rivière-des-Prairies marque un tournant dans la lutte à la violence par armes à feu.

L’escouade policière ELTA (Équipe spéciale dédiée à la lutte contre le trafic d’armes) est remaniée et renommée EILTA (Équipe intégrée de lutte au trafic d’armes).

En septembre, la ministre de la Sécurité publique Geneviève Guilbault annonce la création d’une nouvelle opération policière, nommée Centaure. Elle implique des policiers de la Sûreté du Québec (SQ) et est financée à hauteur de 90 M$.

Ces nouvelles escouades ne font pas l’unanimité. Selon l’analyste de la scène policière et ex-inspecteur au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) Guy Ryan, il faut plutôt «miser sur la longévité des nouvelles unités spécialisées dans la lutte contre la violence et aux armes à feu».

L’arrondissement de Saint-Léonard mise en plus sur une entreprise privée afin de surveiller les rues et les espaces publics. Le contrat de cette firme dont les voitures sont identifiées «Sécurité publique», est renouvelé pour l’année 2022.

Prévention avant tout

Alors que les escouades policières se multiplient et les effectifs du SPVM aussi, les voix de la communauté s’élèvent et plusieurs personnes du milieu réclament «plus de prévention que de répression». Les organismes communautaires de Montréal se rassemblent et, sous l’impulsion des centres jeunesse du nord-est de l’île, créent la Coalition Pozé.

Pierreson Vaval, directeur de l’organisme Équipe RDP, et un des leaders de ce nouveau mouvement, demande alors les mêmes sommes à investir dans la prévention. «Un travail indispensable et une solution à long terme à cette violence», selon lui.

En décembre, le gouvernement provincial annonce un investissement supplémentaire de 52 M$ dans des programmes de prévention. Cette enveloppe est répartie en six mesures incluant un nouveau programme de financement des organismes communautaires œuvrant en travail de rue, au coût de 20,2 M$.

Pour autant à Montréal-Nord le Café-Jeunesse Multiculturel, seul programme de travailleur de rue du quartier ne reçoit plus de financement municipal. Une situation fâcheuse et incompréhensible selon le coordonnateur Slim Hammami. L’aide annuelle promise est désormais de 25 000$ par an, contre 70 000$ depuis 19 ans que le programme de travailleur de rue existe. Une aide qu’il a préféré refuser, des fonds privés financent désormais l’organisme.

Le nord-est acquis à Ensemble Montréal

La multiplication des fusillades a fait s’accroître le sentiment d’insécurité chez la population de Rivière-des-Prairies, Saint-Léonard et Montréal-Nord. Certains vendent leurs biens immobiliers, d’autres craignent de sortir le soir, voire d’aller promener leur chien.

Alors que Caroline Bourgeois est réélue pour un nouveau mandat à titre de mairesse de l’arrondissement de RDP-PAT le 7 novembre, le seul district qu’elle n’a pas acquis à sa cause est celui de Rivière-des-Prairies. Les élus d’Ensemble Montréal Giovanni Rapanà et Nathalie Pierre-Antoine conseiller de Ville et conseillère d’arrondissement du district Rivière-des-Prairies, sont réélus par de larges avances.

Christine Black de son côté à Montréal-Nord a été réélue avec une écrasante majorité (64,2%), tout comme Michel Bissonnet, maire de Saint-Léonard, réélu avec près de 66% des voix pour un 4e mandat.

Des résultats qui font écho au sondage CROP/Métro qui confirment le sentiment d’inquiétude et d’insécurité de la population, plaçant la sécurité comme l’un des trois enjeux électoraux principaux des élections municipales 2021.

La sécurité et la prévention auprès des jeunes restent par ailleurs une priorité pour l’ensemble des différents arrondissements. De nouvelles sommes ont été débloquées tout récemment pour différents organismes communautaires du nord-est de l’île de Montréal.

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Nombre d’homicides qui se sont déroulés sur l’île de Montréal depuis le mois de janvier. Plus du tiers ont été commis sur les territoires du nord-est de l’île.

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