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Les fausses nouvelles, ou quand vos amis Facebook font de la propagande (sans le savoir)

Close-up image of software engineer typing on laptop Photo: Getty Images/iStockphoto

L’inspecteur viral vous parlait la semaine dernière des gens qui balancent des insanités sur le web dans le but de gagner de l’argent.

Malheureusement, il n’y a pas que l’élan capitaliste qui encourage ces petits nonos à faire de la désinformation. C’est que, vous voyez, les fausses nouvelles sur le web sont devenues une arme politique, déployée avec un succès assez terrifiant sur les réseaux sociaux.

Le New York Times étalait dimanche au grand jour un exemple frappant de cette tactique. En bref: il y a un débat en Suède pour décider si le pays devrait intégrer l’OTAN. La Russie, elle, ne veut pas qu’un autre pays vienne se greffer à la puissante alliance militaire. Mais plutôt que de tenter de convaincre les Suédois d’abandonner le projet, tout indique que la Russie fait circuler de fausses informations sur le web.

Quelques exemples: les forces de l’OTAN vont stocker des armes nucléaires en sol suédois, ou les forces de l’OTAN pourront utiliser la Suède comme tremplin pour mener des attaques contre la Russie sans le consentement du gouvernement suédois. Tellement de Suédois ont cru à ces fausses histoires que le ministre suédois de la Défense, Peter Hultqvist, affirme avoir constamment à répondre à des questions à leur sujet.

La Russie, bien sûr, nie être à l’origine de ces histoires, mais peine à expliquer pourquoi elles ont toutes comme point de départ des serveurs un peu partout sur son territoire.

C’est une tactique qui n’est pas du tout un monopole russe.

Depuis l’éclatement de la crise syrienne, on a souvent recours à de fausses histoires à propos des réfugiés. Au cours de la dernière année, on a tenté de vous faire croire: qu’un djihadiste se faisait passer pour un réfugié; que la photo du petit Aylan Kurdi, mort sur une plage grecque, était une mise en scène médiatique; que le Québec offre des permis de conduire gratuits aux réfugiés; qu’Ottawa dépenserait plus pour les réfugiés syriens que pour la reconstruction de Fort McMurray; et que le gouvernement consacre plus d’argent aux réfugiés qu’aux aînés – et ce n’est que la pointe de l’iceberg, que l’inspecteur tente de décapiter avec un cure-dents.

L’intention derrière ces fausses nouvelles est claire: on invente des histoires pour tenter d’influencer l’opinion publique et de l’encourager à voir les réfugiés syriens d’un mauvais œil.

L’inspecteur se doute bien que la plupart de ses lecteurs applaudissent quand il dément de fausses nouvelles imprégnées de xénophobie et d’intolérance. Mais ce ne sont pas que des gros méchants qui utilisent le canular pour faire avancer leur cause.

Des sites altermondialistes et environnementalistes, intentionnellement ou non, ont cru bon d’avancer que Monsanto avait banni les OGM dans ses cafétérias; que les symptômes du virus de Zika sont causés par un pesticide de Monsanto; qu’un homme est mort après avoir mangé des tomates génétiquement modifiées; qu’un poisson monstrueux mutant a été pêché au large de Fukushima; et que l’élevage du bétail est responsable de 51% des émissions de gaz à effet de serre, entre autres.

Encore là, l’intention est claire: on veut vous faire croire que ces technologies sont dangereuses pour que vous vous en méfiiez (peu importe si l’intention derrière le mensonge est bonne, on ne devrait jamais tolérer qu’on nous mente).

Ça, c’est sans mentionner les âneries balancées par les politiciens de la trempe de Donald Trump, fabriquées sur mesure pour choquer, si efficaces et omniprésentes que certains observateurs parlent maintenant de l’ère post-factuelle.

La désinformation n’a rien de nouveau, et la propagande existe probablement depuis le tout début de la politique. Ce qui inquiète avec cette tendance aujourd’hui, c’est la rapidité avec laquelle une fausse information peut circuler. Une seule personne mal intentionnée (elle croit par contre sûrement être bien intentionnée) possédant un bon réseau peut facilement faire beaucoup plus de dommages qu’il n’était possible d’en faire il y a à peine 10 ans.

Et n’oublions pas que les gens ont plus tendance à croire une désinformation si elle leur est relayée par un ami ou un membre de leur famille, ce que Facebook s’évertue à faciliter.

Il en revient à dire qu’en 2016, la propagande ressemble moins à ça:

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…et plus à une publication Facebook de votre ami qui dit, «Non, mais, avez-vous vu ça?!!??! Ça n’a pas d’allure!»

Dites-vous bien qu’un partage n’est jamais anodin. Vous êtes entièrement responsable des articles que vous partagez. Et, si vous ne faites pas attention, vous pouvez vous-même devenir un agent de propagande.

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