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L’arbre d’Hélène

Photo: Métro

Un samedi, alors que je tondais le gazon, j’ai songé à une dispute que j’avais eue avec une femme prénommée Hélène pendant que je contournais un des sapins qui sont dans ma cour.

J’ai oublié cet incident et terminé l’entretien de ma pelouse. Le samedi suivant, de retour derrière ma tondeuse, j’ai aperçu l’arbre, et je me suis nettement rappelé la dispute; mon estomac s’est alors noué de nouveau. Cette sensation a duré quelques secondes, puis s’est dissipée. Le problème, c’est qu’elle est revenue à chaque fois que j’ai tondu le gazon autour de cet arbre. Je le nomme maintenant «l’arbre d’Hélène».

Voilà un exemple simple d’une association acquise. Plusieurs d’entre vous ont entendu parler du chien de Pavlov, qui en vint à saliver dès qu’il entendait une cloche parce qu’il avait auparavant étét habitué à l’entendre sonner au moment où on lui présentait sa pâtée.

Vous est-il déjà arrivé, en sentant l’odeur d’une boulangerie, de vous revoir, enfant, chez votre grand-maman? Ou d’entendre une chanson à la radio et de vous revoir dans le gymnase de votre école… attendant votre premier slow? Pratiquement tout ce qu’on peut voir, sentir, entendre ou associer à un événement passé peut déclencher un flash-back, comme si nous étions alors temporairement transportés dans le temps.

Les associations acquises sont souvent des rappels agréables de gens ou d’événements du passé. Elles durent quelques instants, puis se dissipent. Malheureusement, ces rappels peuvent aussi être désagréables. Nous nous rappelons tous où nous étions, le matin du 11 septembre 2001. Si vous avez subi un accident de la route ou une agression, vous aurez également des flash-back. Les gens qui souffrent de crises de panique créent souvent des associations liées à ce qu’ils ont vu et entendu au cours de chaque attaque.

Les flash-back négatifs devraient être aussi brefs que ceux qui sont agréables. L’ennui, c’est que nous ne les traitons pas de la même façon. Nous prenons plaisir à revivre ceux qui sont agréables, nous sourions et les laissons se dissiper naturellement. Ceux qui sont négatifs peuvent disparaître aussi rapidement, mais nous avons tendance à les analyser : «Pourquoi est-ce arrivé? Mes crises de panique reviennent-elles? Qu’aurais-je pu faire différemment?» Cette vaine remise en question provoque de nouvelles anxiétés, perpétue les flash-back et mine la confiance.

Un processus naturel doit suivre son cours. Les associations et les souvenirs négatifs sont désagréables, mais si nous ne nous y attardons pas, ils feront comme les flash-back agréables : ils passeront rapidement. Ils seront de plus en plus courts et moins fréquents. C’est lorsque nous sommes préoccupés par leur apparition et que nous échafaudons des hypothèses qu’ils se renforcent et continuent de nous tourmenter.

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