La pandémie a ralenti plusieurs projets dans les secteurs de l’immobilier, du verdissement et de la mobilité. Certains dossiers majeurs pourraient toutefois connaître des avancées à Montréal en 2021, si le vent leur est favorable.
Namur-Hippodrome:
Dans son dernier budget, présenté en novembre dernier, la Ville de Montréal a ciblé, parmi ses priorités pour l’année 2021, la réalisation d’analyses immobilières pour le développement de ce site de plus de 40 hectares, qui comprend notamment l’ancien hippodrome Blue Bonnets et la station de métro Namur. Le comité exécutif a d’ailleurs approuvé à la fin du mois de novembre une dépense de 1 M$ afin d’acquérir un terrain vacant situé près de cette station de métro. Son objectif: en faire un «pôle de mobilité» afin d’inciter les résidents de ce secteur – hautement congestionné – à troquer l’auto pour le transport en commun et le vélo, notamment.
À terme, l’administration municipale souhaite transformer le site de l’ancien hippodrome en un quartier écologique. Environ 6000 logements devraient y voir le jour, dont une part «importante» de logements sociaux et familiaux, affirme la Ville. Le chemin à parcourir pour réaliser ce projet sera toutefois semé d’embûches. Dans un rapport publié le 1er octobre, l’Office de consultation publique de Montréal a notamment conclu que ce projet devra faire l’objet de plusieurs études additionnelles avant d’avoir de réelles chances de réussite.
D’ici 2030, la Ville a prévu dépenser 44,8 M$ pour développer ce secteur.
Royalmount
Le promoteur Carbonleo a confirmé à Métro qu’il entend reprendre le chantier du mégaprojet Royalmount «au début de l’année 2021», après avoir connu «un certain ralentissement» en raison de la pandémie. La plus récente mouture du projet, qui a fait l’objet de présentations publiques cet été, prévoit notamment de réduire le nombre d’espaces commerciaux, de places de stationnement et de salles de spectacle sur le site, situé à l’angle des autoroutes 15 et 40, dans ville de Mont-Royal. Le promoteur entend aussi construire 4500 logements sur ce site – s’il obtient le changement de zonage requis – en plus d’aménager divers espaces verts ainsi que des liens piétonniers et cyclables, entre autres. Carbonleo affirme d’ailleurs que le Royalmount sera éventuellement «carboneutre», ce dont doute fortement un regroupement citoyen opposé à ce développement.
La fin des travaux pour la phase commerciale du projet Royalmount est prévue en 2023.
Molson déménage
D’ici la fin de 2021, près de 190 employés de l’usine Molson Coors perdront leur poste à la suite du déménagement de l’usine de Montréal à Longueuil. Une situation que l’entreprise a justifiée par le fait que l’automatisation de ses activités entraînera une réduction de ses besoins en main-d’oeuvre une fois le déménagement complété. Le site actuel de la brasserie, sur la rue Notre-Dame Est, s’inscrit pour sa part dans un vaste de projet de réaménagement de la Ville. Ce projet prévoit notamment la création, d’ici 2035, de logements sociaux et d’espaces verts dans le secteur des Faubourgs.
Le REV continue
Le projet du Réseau express vélo, qui prévoit à terme la création de 184 km de voies cyclables sur de nombreuses artères de la métropole, continuera de prendre forme l’an prochain. Ainsi, en 2021, ce chantier se poursuivra entre autres dans l’axe Viger/St-Antoine/St-Jacques. D’une longueur de 5,4 km, cette nouvelle piste cyclable, dont l’aménagement a fait l’objet d’un report cet été, permettra notamment de faciliter l’accès au centre-ville et au Vieux-Montréal en partance du quartier Saint-Henri. La construction d’un tronçon de cette voie cyclable s’insérera d’ailleurs dans le projet de réaménagement du square Viger, qui devrait prendre fin en novembre 2021.
Une piste de 1,7 km verra aussi le jour en septembre 2021 sur la rue Peel, afin de relier le boulevard de Maisonneuve au Vieux-Port. La réaction des commerçants du secteur sera à surveiller. Cet été, les travaux de construction du REV sur les rues Saint-Denis et de Bellechasse ont entraîné une levée de boucliers de la part de nombreux entrepreneurs. Plusieurs citoyens ont toutefois salué l’arrivée de ces nouvelles voies cyclables.
D’ici 2030, la Ville a prévu dépenser 200 M$ pour le REV et d’autres projets de développement du réseau cyclable de la métropole.
Le Grand parc de l’Ouest en développement
Cet immense parc, qui aura à terme une superficie de plus de 3000 hectares, prendra encore plusieurs années à se concrétiser. Le projet avance toutefois, petit à petit. En 2021, la Ville compte notamment commencer la construction de la grande passerelle du parc-nature du Bois-de-l’Île-Bizard en plus de restaurer deux marais inclus dans le périmètre du Grand parc de l’Ouest. Des «transactions immobilières» pourraient aussi avoir lieu l’an prochain dans le cadre de ce projet, indique le budget 2021 de la Ville.
En 2019, la Ville a procédé à plusieurs acquisitions de terrains dans ce secteur, avant de mettre ce processus sur pause avec l’arrivée de la pandémie. Elle a néanmoins prévu dépenser plus de 289 M$ d’ici 2030 afin de procéder à l’acquisition de milieux naturels sur l’île, dans l’Ouest comme dans l’Est, où un grand parc pourrait aussi prendre forme dans les prochaines années.
Le règlement 20/20/20
Le règlement pour une métropole mixte, communément appelé 20/20/20, entrera en vigueur le 1er avril 2021. Celui-ci vise à obliger les promoteurs immobiliers à inclure un certain nombre de logements sociaux et familiaux dans leurs projets, ou encore à offrir une compensation à la Ville. Dans certains secteurs en densification, incluant quelques quartiers de Saint-Laurent ainsi que la Pointe-Nord de l’Île-des-Soeurs, les projets immobiliers devront aussi comprendre des logements abordables.
«Il y a des années où on a laissé le marché [immobilier] se développer comme il le voulait. Maintenant, on est en mode rattrapage. Mais la pente est haute», a affirmé à Métro le responsable de l’habitation au comité exécutif, Robert Beaudry, en novembre dernier.
Le parti Ensemble Montréal et plusieurs groupes représentant des promoteurs immobiliers continuent de s’opposer à ce règlement, qui contribuera selon eux à l’exode des Montréalais vers la banlieue.
Un centre-ville «plus attrayant»
Le centre-ville est sans contredit le secteur géographique qui écope le plus actuellement de la pandémie, qui a entraîné une chute du tourisme et vidé les tours à bureaux en stimulant le télétravail. Face à cette situation, la Ville a prévu investir 10 M$ l’an prochain dans la relance du coeur de la métropole. Ces fonds serviront notamment à créer de l’animation sur les artères commerciales et à soutenir des festivals, en espérant que ceux-ci puissent avoir lieu l’an prochain.
Le plan de la Ville prévoit aussi la création d’aménagements visant à rendre les espaces publics du centre-ville «plus accessibles et plus attrayants». Afin d’avoir une vision à long terme du centre-ville qui tient compte de la réalité actuelle, l’administration municipale compte aussi mettre à jour sa «Stratégie centre-ville», qui date de 2016.