Miettes post-électorales
Quelle victoire?
Avec 31,9 % des suffrages, le Parti québécois a obtenu moins de voix qu’en 2008 (35 %) et en 2003 (33 %), qui furent des défaites électorales. Moins aussi que lors des défaites péquistes de 1989 (40 %) et 1985 (39 %). Dame de béton ou dame de carton ?
Une défaite, vraiment?
Plusieurs les voyaient troisièmes, mais les libéraux sont à quelques sièges de former le gouvernement : 50, contre 54 pour les péquistes. Presque autant de personnes ont voté pour le PLQ que pour le PQ (31,2 % contre 31,9 %). C’est plus que sauver les meubles, c’est presque une victoire.
Quel mandat pour le nouveau gouvernement?
Près de 60 % des Québécois ont voté contre la tenue d’un référendum et pour des partis qui veulent augmenter les frais de scolarité et d’autres tarifs. Le programme linguistique du PQ sera inapplicable pour un gouvernement minoritaire. La CAQ et le PLQ, qui se détestent mais s’entendent malgré tout sur plusieurs points, ont la majorité des sièges. Qui va vraiment avoir les deux mains sur le volant?
Qu’est-ce que ça prendrait pour que certains électeurs délaissent le PLQ?
Même le Globe and Mail, le National Post et The Gazette ont appuyé la CAQ. Posé brutalement: si le candidat libéral dans d’Arcy-McGee, Jacques-Cartier ou Westmount était reconnu coupable de cannibalisme, est-ce ça serait assez pour voter pour quelqu’un d’autre, juste une fois?
Maudit système tout croche
La CAQ a obtenu à peu près le même nombre de votes que le PQ et le PLQ, mais moins de la moitié de sièges à l’Assemblée nationale. Avec 6 % des voix, Québec solidaire a reçu 2 des 125 sièges. Option nationale, zéro.
Si le nombre de sièges avait été proportionnel au nombre de votes reçus hier, le PQ en aurait remporté 41, le PLQ 40, la CAQ 34, Québec solidaire 8 et Option nationale 2. Les rapports de forces n’auraient pas été terriblement différents, mais ça aurait été plus équitable pour tous les partis et pour les électeurs. On peut aussi supposer que davantage de gens auraient voté pour QS et ON. On se déniaise quand ?
Paradoxalement, un engagement ferme d’un des trois principaux partis à instaurer une forme de proportionnelle aurait possiblement été suffisant pour attirer assez de votes pour ce parti et dégager une majorité de députés pour au moins un mandat…