Syrie: une opposition à la croisée des chemins
Pas un seul jour ne passe sans qu’on ait droit au décompte macabre de l’Observatoire syrien sur les droits de l’homme. Attentats, enlèvements, pilonnages ont poussé des centaines de milliers de civils à fuir vers les pays voisins au cours des derniers mois. Pourtant, les pays dits amis de la Syrie continuent de laisser pourrir une situation dont l’odeur devient insoutenable pour tous ceux qui croient au droit à la vie.
J’ai souri mardi, en voyant la satisfaction affichée par le chef démissionnaire de la Coalition nationale syrienne, Ahmad Moaz Al-Khatib, et le premier ministre intérimaire, Ghassan Hitto, à la suite de l’annonce faite mardi au sommet de Doha, à savoir que la Ligue arabe cédait à l’Opposition au régime de Bachar al-Assad le siège de la Syrie.
Geste significatif me direz-vous. Surtout au lendemain de la gifle infligée aux rebelles par l’OTAN, qui a clairement affirmé qu’elle n’avait pas l’intention de s’impliquer dans des actions militaires contre le régime en place en Syrie. Mais peut-on compter le nombre de gestes significatifs posés depuis les deux dernières années pour tenter de déboulonner Bachar el-Assad par l’isolement?
Dimanche, M. Khatib a annoncé, à la surprise générale, sa démission, en disant vouloir protester contre l’inaction de la communauté internationale et en accusant des pays soutenant l’opposition «de tenter de contrôler la révolte».
Mardi, les pays arabes se sont réservés le droit d’intervenir en fonction de l’évaluation de chaque gouvernement. Laissant ainsi la porte ouverte à des soutiens de toutes sortes, y compris militaires, à une opposition plus que jamais fractionnée, même éclatée. Car malgré la présence du chef démissionnaire, Ahmed Moaz al-Khatib, qui revendique encore le leadership de l’opposition, il n’existe pour le moment ni autorité politique incontestée ni chaîne de commandement pour conduire les opérations. Les insurgés obéissent à des chefs locaux.
Le peuple syrien est une fois de plus à la croisée de «pays frères», qui promettent tout, mais donnent très peu, et des pays occidentaux qui craignent qu’un soutien éventuel ne se retourne contre eux, parce qu’«on pourrait être en train d’armer Al Qaeda» disent les spécialistes du Département d’État.