Contenu promotionnel
*Création FMA 2022
Hello Psychaleppo (électro-tarab, création visuelle et direction musicale), Ahmad Azrak & Lena Chamamyan (chant), Fourat Koyo (gnawa), Mohamed Masmoudi (co-direction musicale)
(Syrie, France, Maroc, Québec)
Dans cette nouvelle lecture de la création Les Possédés (présentée dans sa première interprétation en 2006), le FMA ouvre la porte obscure du lâcher prise que nos sociétés modernes redoutent, libérant les pulsions dionysiaques de la transe dans l’univers de la musique électronique, fait de démesure, aux cieux extatiques et psychédéliques.
Libérées peu à peu de la raison despote, les cordes se laissent saisir par des vagues pénétrantes, éternellement recommencées. Des rythmes en spirale, des airs éthérés, le souffle d’une mélodie qui se cherche, l’écume de l’être qui déborde, l’auditoire est gagné par l’appel répété de fréquences sonores envoûtantes, comme les falaises sculptées en récifs par le roulis incessant de l’eau qui se jette sur elles. Et voici que l’évidence nous habite, un monde fait de circonvolutions, d’antiennes proclamées en leitmotiv et de syncopes hâtives se dresse autour de notre être ensorcelé.
Véritable vedette à la voix ensorcelante provenant de paradis rarement atteints, la fabuleuse Lena Chamamyan envoûtera le public avec ses tonalités éthérées. Artiste aux identités croisées, cette chanteuse arméno-syrienne s’est affirmée comme une compositrice et interprète d’une grande virtuosité, une pionnière du jazz oriental qu’elle a marqué de son sceau. Grâce à ses incantations aux mélodies obsédantes et à l’entêtante délicatesse, elle invoquera les charmes de l’héritage croisé de la musique damascène pour plonger le public dans une transe enchanteresse.
Avec une telle facilité qui frise l’insolence, le grand chanteur Ahmad Azrak portera, une fois de plus, les trésors les plus précieux du patrimoine levantin, ces cantiques des temps anciens qui font tourner derviches et esprits, dans le monde céleste de l’enchantement et de l’ivresse. Les perles mystiques les plus précieuses et les envolées lyriques se relaient tel un fleuve déchaîné chez ce chanteur au souffle irrésistible qui a marqué de son sceau plusieurs créations du FMA, du Cercle de l’extase à Qudud Flamenco ! Les transes musicales auxquelles appelle sa voix au timbre tonitruant sont d’une contagiosité irrépressible. Doté d’une présence scénique hors du commun, il manie avec une justesse redoutable les secrets des rituels sacrés les plus profonds. Jamais avare en défi, Ahmed Azrak promet un nouveau moment de foisonnement sans pareil!
Vent d’Est, vent d’Ouest, les rythmes gnawa se mettent en branle au son des krakebs métalliques, menés par le guembri dansant de Fourat Koyo et son groupe, indiquant le chemin libérateur des âmes enchaînées. Tantôt tâtonnant et trébuchant, tantôt fluide, le langage de la transe s’apprivoise en un éternel recommencement. Les cadences sacrées reprennent leur ronde où, les tambours et le ney, terre et vent dansant autour du feu de notre être ravivé, révèlent à nouveau ce qui à l’origine nous fût caché.
Dans ce cheminement du même au multiple surgit le jazz, prince des catharsis qui, du swing populaire au jazz progressif, offre aux musiciens une voix unique à l’improvisation. Ce cousin lointain d’Amérique a, lui aussi, pavé la voie à la libération des corps en souffrance, à celle des esprits torturés, comme en un pavot renouvelable aux infinis parfums. Féru de jazz moderne et de musiques classiques venues d’Orient ou d’Afrique du Nord, jazzistique, arabistique, oudistique, Mohamed Masmoudi pousse ses recherches et ses techniques instrumentales pour marier les standards du jazz avec un son de oud unique qui puise dans les maqams arabes et les phrasés issus de plusieurs cultures du monde.
Enfin, plus proche de nous, pris en tenaille entre les diktats du “progrès” et les regrets d’un âge d’or musical vraisemblablement révolu, l’électro-tarab du compositeur créateuret artiste visuel Hello Psychaleppo habille le tout d’enveloppes sonores et visuelles des plus enivrantes. Ce paradoxe musical, aux sonorités futuristes teintées de nostalgie, marie avec une fougue narcotique les traditions musicales ancestrales arabes avec la modernité des musiques électroniques, donnant lieu à un genre nouveau d’euphorie musicale, propice aux transes urbaines qui fourmillent en maints lieux au sein des centres-villes, au détour des autoroutes et des banlieues. En bref, une fleur du mal pour les docteurs experts en satiété raisonnable, mais un véritable remède pour tout moderne déphasé.
Pris de convulsions dans des remous cycliques, celui qui ose accueillir la transe au cœur de son être franchit les frontières d’un royaume étrange aux puissances immémoriales. Les possédés du 23e FMA proposent une musique nouvelle, une déflagration de notes venues du plus profond de l’être, avec une dextérité impulsive, où l’instinct recouvre son plus beau domaine.