Bouffeur, donneur, neutre
Bon lundi. T’es sûrement en chemin vers quelque part. Vas-tu voir un donneur, un bouffeur ou un neutre? Vas-tu donner, bouffer ou être neutre? Je ne parle pas de p’tits pains chauds dans un panier d’osier. Je parle d’énergie. N’aie pas peur, ce n’est pas une chronique sur les colliers en quartz.
Arrivé à mon âge, à 30 ans, on commence à garder les choses simples. On met le linge mou plus tôt dans la journée et on boit plus d’eau les soirs de boisson. (Puis on appelle les «soirs de brosse», «soirs de boisson».) Surtout, on a eu assez de relations avec des gens pour fuir les pièges de la jeune jeunesse. (Trente ans, c’est la vieille jeunesse.) Jeune jeune, tu cherches des gens avec qui t’identifier, qui partagent les mêmes goûts, les mêmes référents de scènes de films qui vous ont marqués. Puis, avec le temps, tu commences à séparer les gens de ton entourage en trois groupes : donneur, bouffeur, neutre.
Le neutre ne te donne pas d’énergie, mais ne t’en prend pas non plus. Son surnom le dit, il est neutre. J’aime bien ces rencontres avec des personnes avec qui tu parles et tu te sens juste bien. Chacun est dans sa bulle. Deux bulles qui coexistent, cohabitent le temps d’une jasette côte à côte comme deux voitures sur l’autoroute. Assez près pour se voir les yeux, mais juste assez loin pour pas entrer en collision. Pas de jalousie, de compétition, de peur, de mépris. Juste deux Honda Prius sur le cruise control.
Le donneur, c’est l’ami soleil. L’Amélie Poulain, le Fred Pellerin. La personne que t’appelles quand t’es sur le cul, qui arrive avec une drive de G.O. de Club Med si t’as besoin d’un boost, ou l’attention d’un Josélito si t’as besoin d’écoute. Sans toujours être l’ami de rescousse, c’est souvent juste une personne plaisante à avoir autour. La personne que tu souhaites toujours voir au party, et qui, idéalement, va être assise près de toi au souper.
Finalement, le bouffeur. Bon. Lui, elle, eux. Ce sont ceux qui, malgré leurs belles façades, leurs belles intentions, quand tu finis de leur parler, t’es vidé.
T’as l’impression d’avoir fini une session intense de cross fit, mais sans aucune fierté. T’as juste chaud pis mal au ventre. Lui, tu veux pas être assis à côté au souper. Tu le fuis! T’aimes mieux manger debout accoté au comptoir que de l’endurer. Les personnes de ce genre entrent dans ta bulle, bouffent ton énergie et repartent sans ramasser. Elles sont aussi, surtout, coriaces. On ne repousse pas un bouffeur facilement.
Bref, avec le temps, l’énergie passe avant les intérêts communs. J’essaie de m’entourer de donneurs ou de neutres, et surtout, SURTOUT, de fuir les bouffeurs. Aujourd’hui je choisis 100 fois un neutre qui me parle de son Hummer plutôt qu’un bouffeur qui me parle de son Vespa, ou un donneur qui me parle de jazz qu’un bouffeur qui me parle d’humour. Cent fois! Surtout, j’essaie de donner, ou au moins, d’être neutre. Si jamais je t’ai bouffé de l’énergie, désolé. Viens me voir, j’t’ouvrirai ma dépense, puis j’m’occupe de la vaisselle.
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.