Le poussin

Ligne orange. Direction Montmorency. 8h15. Deux hamsters affublés de lunettes aux montures design me fixent. Ils se trouvent sur une affiche publicitaire à laquelle je fais face. On y fait la promotion d’un magasin qui offre deux paires de barniques pour le prix d’une.

Le métro matinal se remplit et, bientôt, plusieurs usagers forment un écran entre la pub et moi. Ce qui est une bonne chose. Faire porter des lunettes à des gerbilles m’apparaît, ce matin, aussi racoleur qu’inutile.

Puis, mon regard se pose sur une autre publicité. Celle-ci met en scène des hiboux aux yeux immenses. Ces derniers ne semblent pas éprouver de problème de la vue. Au contraire. Ils ont les yeux écarquillés, remplis d’admiration et de désir pour des téléphones cellulaires. Ben oui! C’est sûr! Qui ne sait pas qu’un hibou du 21e siècle ne peut vivre en forêt sans son appareil intelligent!?!?! En plus, c’est la bestiole qui saura le mieux profiter des tarifs de nuit (eh non, la réclame ne met même pas l’accent sur cet aspect d’un forfait).

L’humain concepteur de publicités n’a jamais lésiné sur l’animal irrésistible pour nous vendre tout et n’importe quoi. C’est un procédé qui a fait ses preuves. Nous, consommateurs pas toujours avertis, craquons devant la «cutitude» animale.

Des p’tits minous pour du papier hygiénique, un éléphant ou un lion majestueux pour des assurances, etc. Depuis toujours, l’homme prête aux mammifères, reptiles ou beaux zoizeaux des émotions et/ou des comportements humains. Jean de La Fontaine a d’ailleurs fondé une grande part de son œuvre sur l’anthropomorphisme. Et c’est superbe.

En ce qui me concerne, je trouve plus intéressant de dire d’un humain qu’il est rusé comme un renard que d’affubler un poney de bottillons imperméables pour vendre des bottes de pluie. Mais je peux me tromper.

Sur ces réflexions, nous arrivons à Berri-UQAM, où un essaim d’usagers descendent. Quelques brebis égarées, dont je suis, restent dans la voiture. Montent une mère et son petit garçon. Il doit avoir quatre ou cinq ans. Ses cheveux blonds et fins ont l’allure d’un doux duvet. Il porte des petites lunettes. Il est totalement adorable. 

Un vrai poussin!

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.