Un premier test
Le projet de loi 3 portant sur les régimes de retraite dans le secteur municipal représente un premier test d’importance pour le gouvernement libéral. Engagé à mener les réformes nécessaires au redressement des finances publiques, Philippe Couillard avait convenu d’apporter les changements dans un contexte de grand «dialogue social».
Ces jours-ci, on a pourtant davantage l’impression d’assister à une série de monologues. La commission parlementaire qui s’est entamée cette semaine illustre le fossé à combler entre les parties.
Si on s’entend sur les objectifs du projet de loi 3, les moyens pour y arriver sont loin de faire l’unanimité. Le projet de loi traite d’enjeux complexes qui peuvent rapidement se traduire en discussion d’initiés. Il n’en demeure pas moins qu’il nous interpelle tous comme citoyens payeurs de taxes.
En termes simples, on sait qu’on parle de 170 différents régimes de retraites municipaux qui touchent 122 000 travailleurs et 50 000 retraités. On sait que certains de ces fonds n’ont pas les sommes nécessaires pour combler les besoins des travailleurs, des retraités actuels, mais aussi de ceux à venir. Plusieurs facteurs expliquent cette situation. Il y a certes la fluctuation des marchés, mais on doit aussi réaliser qu’on vit aujourd’hui plus longtemps qu’au moment de la signature de certaines des ententes.
D’un côté, les municipalités parlent de principes qui visent à respecter la capacité de payer des citoyens, à protéger les régimes de retraite à prestations déterminées et à assurer l’équité intergénérationnelle. Ce qui en soi est louable.
De l’autre, les syndicats s’entendent pour régler les déficits futurs, mais considèrent que les déficits passés sont la responsabilité de l’employeur. Soit dit en passant, il ne s’agit pas d’un employeur comme les autres puisque ce sont les payeurs de taxes qui assument la facture.
Les élus de Montréal et de Québec ont accepté de revoir la contribution à leur régime de retraite afin de donner l’exemple. Les députés de l’Assemblée nationale tardent pourtant à emboîter le pas. La proposition de la Coalition avenir Québec ne reçoit pas l’appui du Parti libéral et du PQ, qui considèrent qu’on doit revoir les conditions générales d’emploi avant de procéder. Bref, c’est deux poids, deux mesures.
Rien ne laisse présager une résolution rapide de la situation. Les syndicats parlent de recours aux tribunaux et de radicalisation des moyens de pression. Mais le contexte dans lequel le débat de se déroule est clairement un test d’importance pour le gouvernement qui en est à ses premiers pas dans sa volonté de rétablir la santé financière de nos institutions. L’attitude qu’emploiera Philippe Couillard dans les prochaines semaines déterminera la suite de son mandat.
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.