La démocratie étudiante – BIS

J’ai écrit récemment à propos de mes réserves sur ce que l’on appelle la « démocratie étudiante ».

J’admets que je suis encore pantois devant l’attitude des médias, et de plusieurs observateurs, qui voient la FEUQ, la FECQ et même la CLASSE comme des intermédiaires obligatoires de tous les étudiants, peu importe leur discours, peu importe leur position. Ils représentent « les » étudiants. C’est donc normal de prendre leur discours comme celui de l’ensemble des jeunes qui vont au collège ou à l’université.

Pas sûr.

D’abord, je le rappelle, il y a des immenses trous dans la façon dont la représentativité de ces associations est obtenue. Il ne s’agit pas, dans la plupart des cas, d’élire des candidats avec des programmes, mais plutôt de déterminer qui occupera les postes disponibles à la seule association étudiante du département ou de la faculté, dont la culture et les objectifs sont déjà bien établi (et qui est habituellement affiliée à une association « mère » avec qui elle partage certaines affinités). C’est un peu comme un syndicat: il est généralement militant, il a son agenda, et c’est lui qui vous représente, que vous le vouliez ou non. On a fait ces choix en relations de travail. Ça ne veut pas dire que c’est le modèle approprié pour des étudiants.

Ensuite, lorsqu’il y a des votes de grèves, c’est souvent dans des salles chauffées (à coup de slogans), et à main levée. La priorité de l’exécutif de l’association est davantage d’aller chercher un mandat pour les actions qu’elle a déjà décidées que de réellement sonder les membres en considérant toutes les options. Quiconque a déjà participé à de telles assemblées pourra en témoigner. Et évidemment, le taux de participation n’est généralement une fraction minoritaire des étudiants d’une faculté ou d’un département.

Tous ces facteurs, qui minent la représentativité de l’association étudiante et la validité du mandat dont se réclament la FEUQ, la FECQ et la CLASSE, pourraient être atténués par la tenue d’un vote secret. Mais passons. Mettons que tout ça serait toujours fait dans les règles de l’art, et que le résultat des votes de grève reflète parfaitement la volonté démocratique des étudiants qui sont concernés.

En date de la semaine dernière, il y avait 176 000 étudiants du cégep et l’université en grève sur un total de 475 000. Un peu plus du tiers.

Près des deux tiers des étudiants sont donc toujours en classe. Quelqu’un pourrait m’expliquer quel est le mandat que la FEUQ, la FECQ et la CLASSE ont reçu de ces 299 000 autres étudiants?

Je comprends bien que la voix de la majorité silencieuse est plus difficile à se faire entendre. Mais tous ces étudiants ont eu l’occasion de donner des mandats de grève à leur association. Certains l’ont fait, et ces mandats ont pris fin. D’autres ne l’ont jamais donné.

Mais on continue tout de même à faire comme si les grévistes étaient majoritaires, et leur position, celle de l’ensemble des étudiants. J’ai un malaise.

Et je redemande: le mandat qu’on reçu les associations étudiantes est-il vraiment celui qu’ils exercent actuellement, à savoir en-dehors du gel, point de salut?

***

En terminant, une petite note aux assos étudiantes, si jamais elles ont la chance de se reprendre: la prochaine fois, tenez un discours un peu plus réaliste, un peu plus créatif, un peu moins borné au satané gel (j’ai quelques idées ici), sondez vos membres et définissez votre mandat en fonction de leurs réponses, et assurez-vous de faire voter un maximum d’étudiants dans les meilleures conditions possibles (même si le résultat risque davantage de vous échapper).

Vous allez avoir un mandat en béton armé, 300 000, voire 400 000 étudiants derrière vous, et un appui beaucoup plus large de la population. À ce moment, vous serez parfaitement légitimés, incontournables, et impossibles à arrêter.

Bref, faites leur combat. Pas le vôtre.

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