Kevin O’Leary s’en occupe (mais juste en anglais)

Canadian television personality and businessman Kevin O'Leary applies his own makeup prior to doing a television interview at the Conservative Party of Canada convention in Vancouver, Friday, May 27, 2016. THE CANADIAN PRESS/Jonathan Hayward Photo: Jonathan Hayward/La Presse Canadienne

Le congrès du Parti conservateur du Canada (PCC), tenu en fin de semaine à Vancouver, a inévitablement ramené le multimillionnaire Kevin O’Leary sous les projecteurs. Tout aussi inévitablement, l’ex-dragon de la CBC (qui ne confirme toujours pas s’il se lancera dans la course à la chefferie du parti tout en agissant depuis des mois comme si c’était chose faite) a dû expliquer comment il compte diriger le pays s’il ne parle pas français.

C’est simple: «Je parle la langue de l’emploi», se défend à tout coup l’investisseur né à Montréal.

Talonné depuis des mois à ce sujet, M. O’Leary a notamment réaffirmé dimanche son bilinguisme autoproclamé dans une entrevue avec le journaliste de droite Ezra Levant (qu’on ne peut accuser de vouloir mettre les conservateurs dans l’embarras). «Plusieurs Canadiens demandent un haut niveau d’aisance en français, et pas seulement les Québécois. Dans l’ouest et en Ontario, plusieurs électeurs hésiteront à voter pour vous si vous ne pouvez pas connecter avec le Québec», lance le fondateur de The Rebel Media. La réponse de l’homme d’affaires se trouve à 1:44 dans la vidéo ci-bas:

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=QIIqwQdDsrA]

«I AM bilingual. I speak the language of english – I am an english-quebecer – and I also speak the language of jobs. […] I’m not worried that I don’t speak French, or Italian or Chinese. I speak the language of jobs.»

Traduction libre : «Je SUIS bilingue, je parle la langue de l’anglais [sic] – je suis un anglo-québécois – et je parle aussi la langue de l’emploi. […] Je ne m’inquiète pas de ne pas parler français, italien ou chinois. Je parle la langue de l’emploi.»

Bref, si les Québécois comprennent que je suis là pour baisser les impôts et remettre l’économie sur les rails, ils me feront confiance, résume la vedette de téléréalité.

Ce n’est pas la première fois que Kevin O’Leary répond de la sorte lorsqu’on le confronte au fait qu’il serait incapable de s’adresser à plus de 20% de la population canadienne. Mais à la lumière de certains sondages qui accordent au Montréalais des chances de remporter la course à la direction du PCC (dont le sondage Forum research publié début mai), le problème commence à embêter certains conservateurs, qui aimeraient bien garder les 12 sièges remportés au Québec en octobre dernier.

Une semaine avant le congrès du parti, le National Post a demandé à M. O’Leary pourquoi il ne souhaitait pas, par exemple, pouvoir débattre en français avec ses éventuels adversaires à la chefferie (incluant le député de Beauce Maxime Bernier, qui a traité l’ex-dragon de «touriste» à la fin février).

«When people tell me I can’t do stuff, I say, “I’ve got a track record, I don’t care.” […] I got a fail in every language I tried, so it’s a very bad use of my time.»

Traduction libre : «Quand les gens me disent que je ne peux faire quelque chose, je réponds : “j’ai une feuille de route, je m’en fous”. […] J’ai échoué à chaque fois que je me suis essayé à une langue, c’est donc un très mauvais investissement de temps.»

Et le richissime aspirant politicien d’ajouter: «Il n’y a rien de pire que d’écouter un anglophone essayer de parler en français».

Pas étonnant que plusieurs l’aient qualifié de Donald Trump canadien… Kevin O’Leary sait attirer l’attention des médias avec ses déclarations colorées et suscite d’ailleurs le même genre de craintes que le milliardaire américain chez certains observateurs politiques.

Le Financial Post, pourtant champion de la droite économique anti-étatique, s’inquiétait cette semaine contre un possible «détournement» du Parti conservateur par Kevin O’Leary (Tory party at risk of being hijacked by the O’Leary factor). En début d’année, le Maclean’s publiait un texte où d’anciens conseillers de Stephen Harper se prononçaient contre la candidature de l’homme d’affaires (Why Kevin O’Leary is wrong for Conservatives). Le National Observer, de son côté, s’en est pris à l’aura de succès qui entoure l’entrepreneur, en recensant ses nombreux déboires financiers (The real (and shocking) story of Kevin O’Leary’s business career). Dans une chronique parue sur le site iPolitics, la journaliste Tasha Kheiriddin a mis en garde contre la vacuité des idées du potentiel candidat (Kevin O’Leary doesn’t need to know what he’s talking about. He’s famous).

Mais toutes ces critiques, Kevin O’Leary les balaye du revers de la main. Comme il l’a rappelé au National Post :

«My attitude is: ‘look, leave me alone, I’ll fix it.’»

Traduction libre : «Mon attitude, c’est: “regarde, laisse-moi tranquille, je m’en occupe”.»

Kevin O’Leary doit annoncer d’ici janvier 2017 s’il compte bel et bien s’occuper des conservateurs.

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