CHSLD: plainte pour «discrimination et exploitation» des aînés
Un organisme a déposé jeudi une plainte officielle devant la Commission des droits de la personne (CDP). Le motif: «discrimination et exploitation des personnes âgées» vivant dans un CHSLD ou une résidence pour personnes âgées (RPA), où plusieurs éclosions du virus ont eu lieu depuis le début de la crise sanitaire.
Dans une déclaration, le Conseil pour la protection des malades (CPM) demande des actions immédiates pour «que l’on cesse de faire souffrir ces personnes».
«Il faut une compensation financière pour les résidents dont on a violé le droit à recevoir des soins dignes et sécuritaires, depuis le début du mois de mars», martèle l’organisme, se disant prêt à entamer des procédures judiciaires.
La plainte, dont Métro a obtenu copie, dénonce que le gouvernement Legault aurait dû réaliser dès le début mars que «la majorité des décès» causés par la COVID-19 «frappait les personnes âgées». L’évolution de la courbe de propagation en Europe, dit-on, laissait déjà entrevoir des signaux clairs.
Rien pour les CHSLD… avant le 2 avril
Pour le président du Conseil, Paul Brunet, la réalité est que le gouvernement du Québec a attendu jusqu’au 2 avril pour faire des CHSLD et des RPA une «priorité» dans la lutte contre le coronavirus. Il soutient que cette négligence a fait en sorte que plusieurs aînés ont été «maltraités et négligés».
«Plusieurs personnes sont décédées alors que le gouvernement, les autorités sanitaires, les CHSLD et les RPA les ont exploitées et violées leurs droits fondamentaux à la dignité, à l’intégrité et à la sécurité de la personne.» -Paul Brunet, président du CPM
Au-delà des mesures sanitaires, M. Brunet somme les autorités de mettre sur pied une «indemnisation juste» pour les personnes lésées par la situation, «ou le cas échéant pour leurs représentants légaux».
«Si vous ou un membre de votre famille a souffert de manque de soins ou de services dans un CHSLD, depuis le mois de mars 2020, faites-nous le savoir rapidement», ajoute-t-il, soulignant que les personnes intéressées pourront être ajoutées à la plainte.
En date de jeudi matin, la COVID-19 avait entraîné 1974 personnes dans la mort au Canada, dont 1134 au Québec. L’essentiel de l’hécatombe au Québec a frappé les personnes âgées, dont un grand nombre en CHSLD.
Legault trouve la critique «facile»
Appelé à réagir jeudi, le premier ministre François Legault s’est fait catégorique. «Nous avons fait ce que nous devions faire, aussitôt que nous avons considéré le problème dans les CHSLD», argue-t-il.
Québec affirme avoir demandé l’aide de plusieurs corps de métier, dont l’armée canadienne, dès qu’un manque de personnel a été constaté dans le réseau.
«C’est facile pendant ou après une crise de dire qu’on aurait dû mieux se préparer. Partout dans le monde, on voit que les gens et les systèmes de santé sont sous pression. Un jour, nous pourrons répondre à ces requêtes.» -François Legault, premier ministre du Québec
Environ 9500 employés sont absents dans le réseau de la santé, incluant 4000 qui sont infectés ou en isolement. Le gouvernement demande aux 5500 personnes restantes de «venir donner un coup de main» si possible.
Dans les dernières semaines, plusieurs recours collectifs se sont organisés contre des centres d’hébergement, dont le CHSLD Herron, à Dorval. Plus d’une trentaine de résidents y sont morts depuis le 13 mars, dont au moins 5 qui ont succombé à la COVID-19.
Québec a d’ailleurs mandaté le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) de mener une enquête sur le CHSLD Herron. «C’est épouvantable ce qui est arrivé à la résidence Herron. On va s’assurer, non seulement à cette résidence-là, mais dans toutes les résidences, qu’on s’occupe bien de nos aînés», avait dit François Legault à ce sujet, il y a deux semaines.