Trump se targue de progrès environnementaux après avoir affaibli les règles

President Donald Trump speaks during a news conference on the North Portico of the White House, Monday, Sept. 7, 2020, in Washington. (AP Photo/Patrick Semansky) Photo:
Zeke Miller - The Associated Press

WASHINGTON — Le président américain Donald Trump a tenté mardi de se présenter comme un ardent défenseur de l’environnement, en mettant en valeur des projets de protection et de restauration environnementales en Floride. Son administration a plutôt annulé ou affaibli plusieurs règles dont le but était de protéger la qualité de l’air et de l’eau et les terres dont dépendent plusieurs espèces menacées.

M. Trump a pris la parole à côté du phare de Jupiter Inlet, critiquant le programme du démocrate Joe Biden lors de cet événement financé par les contribuables. Le voyage intervient alors que M. Trump accélère ses déplacements dans les États cruciaux, huit semaines avant les élections.

De la Floride, il se dirigeait vers un rassemblement électoral en Caroline du Nord, un autre État incontournable pour sa réélection.

M. Trump a annoncé qu’il prolongeait et étendait l’interdiction de nouveaux sites de forage en mer au large de la côte de la Floride, ainsi qu’en Géorgie et en Caroline du Sud. Le moratoire actuel couvre le golfe du Mexique, et M. Trump a déclaré que le nouveau couvrirait également la côte atlantique – une préoccupation politique importante dans les États côtiers comme la Floride.

«Mon administration prouve chaque jour que nous pouvons améliorer notre environnement tout en créant des millions d’emplois bien rémunérés», a lancé le président. Il a affirmé que les plans environnementaux de M. Biden «détruiraient la classe moyenne américaine tout en donnant un laissez-passer gratuit aux pires pollueurs étrangers du monde».

L’annonce pourrait exposer le président à des accusations de volte-face d’année électorale, étant donné qu’il a agi en janvier 2018 pour étendre considérablement le forage en mer de l’Atlantique aux océans de l’Arctique.

M. Trump a profité de l’événement en Caroline du Nord pour dénoncer les restrictions imposées par cet État pour combattre la pandémie. Le président a ouvertement bafoué la limite de 50 personnes imposée aux événements en plein air, avec un rassemblement de milliers de partisans entassés sur le tarmac d’un aéroport.

«Votre État devrait être ouvert, a lancé M. Trump, en affirmant sans preuve que le gouverneur démocrate Roy Cooper et d’autres essayaient d’entraver leurs économies pour nuire à sa réélection. C’est dommage ce qui se passe, et je vais vous dire quoi, le 4 novembre, chacun de ces États sera ouvert. Ils le font pour des raisons politiques.»

M. Biden a appelé à éliminer les émissions de carbone des centrales énergétiques d’ici 2035 et à moderniser le réseau électrique. Les deux mesures réduiraient la demande de combustibles fossiles. Son plan comprend également d’importantes dépenses publiques directes et des subventions fiscales pour d’autres sources d’énergie, ce qui, selon la campagne Biden, stimulerait de nouveaux emplois, alors même que les emplois traditionnels dans le secteur de l’énergie diminuent.

M. Biden qualifie la Chine de plus grand pollueur au charbon au monde et dit qu’il ferait en sorte que tous les futurs accords commerciaux avec Pékin soient axés sur la réduction des émissions de carbone. Il soutient une alliance internationale pour aider d’autres pays à s’offrir un développement faible en carbone et propose un moratoire mondial sur le forage en mer dans l’Arctique.

M. Biden a accusé M. Trump de changer d’avis quand cela lui convient.

«Il y a quelques mois à peine, Donald Trump prévoyait d’autoriser le forage pétrolier et gazier au large de la Floride, a lancé M. Biden sur Twitter. Maintenant, avec 56 jours avant les élections, il dit commodément qu’il a changé d’avis. Incroyable. Vous n’avez pas à deviner où je me situe: je m’oppose à de nouveaux forages en mer.»

M. Trump s’est présenté comme le plus grand président environnemental depuis Theodore Roosevelt.

«Qui aurait pensé ça. M. Trump est le grand environnementaliste?, a dit le président. Vous entendez cela? C’est bien, et je le suis. Je le suis. J’y crois fermement.»

M. Trump, cependant, a annulé de nombreuses réglementations destinées à protéger l’environnement, des émissions des centrales électriques aux normes de carburant automobile en passant par l’eau propre. Il a retiré les États-Unis de l’Accord de Paris sur le climat, une entente mondiale visant à lutter contre les émissions de gaz à effet de serre.

L’administration Trump a fait de l’environnement une cible principale de sa poussée de déréglementation, éliminant ou affaiblissant des dizaines de règles qui protègent la qualité de l’air et de l’eau du pays et les terres essentielles pour les espèces en péril, tout en annulant les initiatives de l’ère Obama pour lutter contre les changements climatiques.

M. Trump a remplacé le Clean Power Plan de M. Obama – qui visait à réduire la pollution par les gaz à effet de serre des centrales électriques – et a assoupli les normes d’économie de carburant automobile. Sous M. Trump, l’Agence de protection de l’environnement (EPA) a retiré la protection fédérale à des millions d’acres de ruisseaux et de zones humides. Le président a levé les restrictions sur l’exploration pétrolière et gazière dans les zones sensibles et a raccourci les examens environnementaux des projets de construction tels que les autoroutes et les pipelines.

Le gouverneur de la Caroline du Sud, Henry McMaster, un allié de longue date de M. Trump qui s’est opposé aux plans d’expansion de l’exploration de forage de l’administration, a applaudi l’annonce de mardi comme une «bonne nouvelle», mais a averti que «nous devons rester vigilants dans la conservation et la préservation de notre littoral».

«La Caroline du Sud a la chance d’avoir les plages, les îles maritimes et les marais les plus beaux et les plus immaculés du pays, a déclaré M. McMaster. Les tests sismiques et le forage en mer menacent leur santé et mettent en péril l’avenir de l’industrie du tourisme de 24 milliards $ US de notre État.»

Peu de temps après que les plans d’expansion initiaux eurent été annoncés au début du mandat de M. Trump, M. McMaster avait plaidé contre le forage et rencontré le secrétaire de l’Intérieur de l’époque, Ryan Zinke, pour demander une exemption pour son État.

M. McMaster a aussi signé une loi interdisant l’utilisation des fonds de l’État ou des gouvernements locaux pour les activités liées au pétrole et au gaz en mer.

M. Trump a déclaré qu’il avait également discuté de la prolongation du moratoire avec le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, qui a accueilli M. Trump à l’aéroport de West Palm Beach et a assisté à l’événement de Jupiter Inlet.

«Cela protège votre magnifique golfe et votre magnifique océan, et cela le fera encore longtemps», a lancé M. Trump à l’auditoire d’environ 200 personnes, y compris des responsables fédéraux et étatiques et des membres du Congrès. Rares étaient ceux qui portaient des masques ou pratiquaient la distanciation sociale.

Des groupes environnementaux et d’anciens chefs de l’EPA des deux partis ont critiqué le bilan environnemental de M. Trump.

L’actuel administrateur de l’EPA, Andrew Wheeler, un ancien lobbyiste du charbon, l’a défendu la semaine dernière dans un discours commémorant le 50e anniversaire de l’agence. Il a soutenu que M. Trump avait repris le contrôle d’une agence qui avait perdu de vue sa mission principale. Un deuxième mandat apporterait plus de nettoyage des décharges de déchets toxiques et la restauration des sites industriels pollués, a assuré M. Wheeler.

Zeke Miller, The Associated Press

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