«Les gens en ont arraché avec le coût de la vie et l’inflation» en 2022, estime la députée fédérale d’Hochelaga, Soraya Martinez Ferrada. Cette année «tough» est toutefois loin de décourager l’éternelle optimiste, qui compte mener de grands chantiers en 2023.
Métro a rencontré l’élue libérale dans son bureau de circonscription pour discuter logement, environnement, santé et autres enjeux prioritaires pour Hochelaga et l’est de l’île.
«Se déplacer, l’épicerie, les activités pour les enfants… Tout est devenu difficile», énumère-t-elle.
La députée se dit fière que son gouvernent ait mis en place des politiques publiques pour alléger le fardeau des contribuables. Elle cite en exemple l’allocation pour les locataires à faible revenu, le crédit doublé pour la TPS et l’assurance dentaire pour les enfants de moins de 12 ans.
Ça a un impact direct sur les gens chez nous, ici, à Hochelaga.
Soraya Martinez Ferrada
Pour une transformation inclusive à Hochelaga
Soraya Martinez Ferrada a déménagé près de la station de métro Joliette en 1980, après avoir fui la dictature chilienne avec sa mère et son frère. Elle est donc bien placée pour observer la transformation que vit Hochelaga, quartier historiquement ouvrier.
L’embourgeoisement est un «défi immense», observe celle qui a été élue pour la première fois en 2019.
«Le développement est inévitable, estime-t-elle. Mais il faut s’assurer de garder les gens chez nous».
Pour ce faire, il faut encourager l’accès à la propriété, notamment en mettant en place des mesures pour faciliter l’épargne, ainsi que des programmes de partage d’équité qui permettent la transition de locataire à propriétaire dans un même logement, affirme Soraya Martinez Ferrada.
La députée et secrétaire parlementaire du ministre du Logement salue aussi l’entente entre Ottawa, la Ville de Montréal et la Société d’habitation et de développement de Montréal (SHDM) qui prévoit une aide financière de 69 M$ pour remettre en état des logements abordables. «On parle de 5000 logements juste à Montréal. C’est une immense annonce», se réjouit-elle.
De plus, l’élue souligne la force du filet social à Hochelaga. La circonscription est une de celles qui comptent le plus d’organismes communautaires au pied carré, dit-elle.
C’est une communauté solidaire, engagée. Ça n’a pas changé, et, honnêtement, ça ne changera pas.
Soraya Martinez Ferrada
Une députée de proximité
Celle qui a précédemment œuvré dans le milieu communautaire et en politique municipale veut garder un ancrage local, même si elle travaille désormais principalement avec des politiques nationales décidées à Ottawa.
«Comme députée fédérale, je me suis donné le défi de faire la politique de la même façon que je faisais de la politique municipale», explique Soraya Martinez Ferrada.
Plusieurs citoyens de sa circonscription ont son numéro de cellulaire et la contactent directement par messagerie texte, illustre-t-elle.
C’est une de mes plus grandes réalisations d’avoir été capable de garder cette proximité relationnelle avec les gens de mon quartier.
Soraya Martinez Ferrada
Se définissant comme une «fille de l’est de Montréal», secteur qu’elle a habité pratiquement toute sa vie, le développement de celui-ci est en haut de sa liste de priorités.
Un sommet sur le développement économique de l’Est se tiendra en 2023, se réjouit la politicienne, qui en avait fait un engagement électoral. Elle note aussi que depuis 2021, l’est de Montréal est mentionné expressément dans les budgets fédéraux et «en fait partie intégrante».
Tout n’est pas rose pour autant.
«Les gens dans l’est de l’île, leur taux de vie est plus bas que partout ailleurs au Québec […] Ils meurent plus jeunes.»
Soraya Martinez Ferrada croit aux efforts pour améliorer la qualité de vie et le verdissement dans le secteur, malgré des projets controversés comme la plateforme de transbordement de l’entreprise Ray-Mont Logistiques ou le prolongement du boulevard de l’Assomption à travers le boisé Steinberg.
«On va dans la bonne direction», assure-t-elle. La députée d’Hochelaga plaide pour une certaine patience, les résultats pouvant prendre du temps avant d’être visibles, notamment en ce qui concerne la plantation d’arbres.
La santé mentale malmenée
Soraya Martinez Ferrada s’inquiète de la dégradation de notre santé mentale pendant la pandémie. «On est plus anxieux, on est moins patient, on a vécu beaucoup de solitude», note-t-elle.
Elle salue la création du ministère de la Santé mentale et des Dépendances ainsi que l’octroi de 270 M$ du fédéral au Québec pour améliorer les soins à domicile, les soins en santé mentale et la lutte à la dépendance.
En outre, l’ancienne conseillère municipale espère qu’Ottawa et les provinces seront en mesure de travailler de concert pour régler la crise qui sévit dans les urgences partout à travers le pays. L’hôpital Maisonneuve-Rosemont, qui se trouve dans sa circonscription, est particulièrement touché.
Des normes nationales en santé sont souhaitables, selon la femme politique. «Ce n’est pas un désaveu de la capacité des provinces, mais on veut s’assurer que les gens aient le service qu’ils méritent», où qu’ils soient au pays, précise-t-elle.
En attendant 2023
Très volubile, celle qui en est à son deuxième mandat a visiblement toujours le feu sacré. La députée confirme d’ailleurs qu’elle se représentera aux prochaines élections.
L’arrivée de Pierre Poilievre à la tête du Parti conservateur du Canada lui a rappelé pourquoi elle s’est initialement lancée en politique municipale.
Je vais me battre pour qu’un gouvernement conservateur ne revienne pas au pouvoir. Ça serait catastrophique. Pour l’environnement, pour la santé […] pour les femmes de façon générale.
Soraya Martinez Ferrada
On ne pourra lui reprocher de mâcher ses mots. La table est mise pour 2023.