Le plan de campagne

Jean Charest, c’est bien connu, n’aime pas l’idée des élections à date fixe. Il préfère utiliser son flair politique d’enfer et saisir les opportunités quand elles passent. Plus d’une fois, il a su renverser la tendance.

Il croyait le moment bien choisi, juste avant la Commission Charbonneau et pendant les tergiversations de la rentrée scolaire. Il était possible que les planètes puissent s’aligner pour passer à l’histoire, obtenir un quatrième mandat et faire taire les insatisfaits.

C’était il y a deux semaines. La population québécoise endossait la hausse sans toutefois apprécier la gestion de la crise. Qu’à cela ne tienne. Selon lui, la Coalition avenir Québec battait de l’aile. Le PQ pouvait être rapidement défini par ses choix : la rue et l’instabilité. Puis tout a chaviré.

La candidature de Jacques Duchesneau, vu par plusieurs comme un incorruptible, a ramené le sujet de la corruption à l’avant-scène de l’actualité. Depuis, jour après jour, rien ne parvient à dissiper l’odeur de scandale. Le talon d’Achille des libéraux prend toute la place, et ce malgré les démentis, les annonces et les engagements.

Le climat de la campagne en est empreint. Le PQ n’a pas voulu être en reste. Le dossier de la Fondation Catania est venu grossir la liste des dossiers à éclaircir. L’équipe de l’émission Enquête de Radio-Canada en a rajouté avec les questions que soulève l’affaire Brandone. Il est parfois difficile de faire la distinction entre ce qui est vrai et ce qui est faux. La perception devient alors le seul indicateur fiable. À ce chapitre, la campagne libérale vient de prendre un dur coup.

L’éléphant ne veut plus quitter la pièce. Vu comme un problème majeur par 86 % des Québécois, selon Léger marketing, le dossier de la corruption laisse des traces. Inquiétant pour un gouvernement qui aurait bien souhaité un vent favorable. Car naviguer avec un vent de face en campagne électorale est un défi de taille, même quand le capitaine a les deux mains sur la barre.

C’est à se demander s’il n’aurait pas été plus simple pour l’équipe libérale de faire campagne après la Commission Charbonneau. Car si tel était le cas, il serait possible de dire que l’enquête a eu lieu et de passer à autre chose. Pour l’instant, M. Charest ne peut que dire : «On verra.» Et espérer que d’autres histoires ne viennent pas perturber la suite des choses. Difficile dans ce contexte de s’en tenir à son plan de campagne.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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