Et après?
Le premier maire à démissionner n’est pas celui auquel on s’attendait. Pas celui contre qui pèse des accusations criminelles, encore moins celui dont la résidence a été perquisitionnée. Non, le premier à quitter son poste à la suite d’allégations faites à la Commission Charbonneau est Gérald Tremblay.
Son plus grand crime est sans aucun doute de ne pas avoir fait une obsession de la corruption dans son organisation. Il en a parlé ici et là. En 2009, il a dit à Katia Gagnon de La Presse que lui et son directeur général Guy Coulombe avaient discuté de la culture des enveloppes brunes à la Ville. Toutefois, l’ancien numéro 1 de la SQ lui avait dit qu’il n’avait pas de preuve. Plus tard, selon ses dires, il a porté plainte à la police, mais jamais il n’a pris le problème à bras- le-corps, jamais il n’a parlé haut et fort.
À l’inverse de Benoit
Labonté, qui avait donné une longue entrevue à Marie-Maude Denis en 2009, ou encore de Martin Dumont, qui a terminé sa tournée médiatique à Tout le monde en parle, le maire Tremblay s’est entêté à ne vouloir parler qu’à la Commission Charbonneau. Son allocution de départ ne nous a pas permis d’en savoir davantage, sauf qu’il s’était senti trahi et qu’il en assumait la responsabilité.
Cette semaine, plusieurs ont salué sa décision, mais son départ ne réglera fondamentalement rien pour l’instant. Le maire intérimaire aura bien peu d’espace pour rebâtir la confiance. Il semble d’ailleurs qu’Union Montréal n’empruntera pas le chemin tracé par l’opposition. Le scénario d’un conseil exécutif de coalition sera mis de côté. Majoritaires à l’hôtel de ville, les élus d’Union Montréal choisiront un des leurs pour prendre le relais.
Ainsi, la Ville continuera de fonctionner, sans doute pas à vitesse grand V. Il faut être réaliste. À un an de l’échéance électorale, chacun tentera de se faire valoir. L’après-Tremblay se déroulera aussi, pour ne pas dire davantage, à l’extérieur de l’hôtel de ville. Ce soir, Denis Coderre procédera à une autre étape.
Qui est la personne de la situation pour relancer Montréal? Pour l’instant, les Montréalais tournent leurs regards vers l’extérieur de l’hôtel de ville. Les représentants des partis en place ne récoltent que peu d’appuis. Il faut cependant se méfier des sauveurs. Il n’y a pas de chemins faciles. Rebâtir le pont entre Montréal et ses citoyens sera long et parsemé d’embûches. D’ailleurs, la Commission Charbonneau continuera d’amener son lot d’allégations…
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.