Se méfier des emballages «santé»
«Source de fibres», «faible en gras», «choix santé»: en balayant les allées d’épicerie, on voit souvent ces indications sur les emballages des aliments, mais peut-on s’y fier? Rarement, d’après des experts en nutrition.
«Ce sont surtout des coups de marketing. Les compagnies mettent ces logos sur l’étiquetage pour se distinguer des autres, mais dans les faits, ça ne représente pas la réalité», affirme Corinne Voyer, directrice de la Coalition Poids Québec.
L’organisme milite auprès de la sphère publique pour la mise en place d’un meilleur contrôle des normes en ce qui a trait aux informations fournies sur l’emballage des aliments. Selon Mme Voyer, les logos faisant la promotion d’un achat plus sain cachent souvent un contenu nutritif plutôt pauvre.
«La plupart du temps, ce sont les produits à haute teneur en sucre, en gras, faits de farine blanchie ou remplis de sel qui sont vendus grâce à cette stratégie publicitaire. En fait, on veut détourner l’attention des consommateurs du tableau des valeurs nutritives, parce qu’on sait que les gens cherchent des indications faciles, pour faire un choix rapidement», souligne Mme Voyer.
Deux types d’indications
Selon Stéphanie Côté, nutritionniste et coordonnatrice d’Extenso, le Centre de référence en nutrition de l’Université de Montréal, il faut distinguer deux catégories de symboles sur les emballages des produits achetés en épicerie.
«Il y a ceux qui sont plutôt fiables et ceux qui ne le sont pas du tout. Lorsqu’on voit des affirmations du genre «source de fibres», il s’agit d’indications qui sont normalisées par Santé Canada. Il faut donc qu’il y ait un minimum strict de grammes de fibres par portion», insiste l’experte.
Toutefois, il ne faut pas se leurrer, avertit-elle.
«Je peux trouver des céréales avec des fibres ajoutées qui obtiendront ce symbole, mais qui en même temps sont bourrées de sucre. Ça n’en fait pas une option judicieuse pour l’alimentation», révèle Mme Côté.
La deuxième catégorie, celle du type «choix santé», est encore plus trompeuse, selon cette dernière, car elle tient exclusivement au jugement du fabricant.
«Il est préférable de ne s’attarder à aucun de ces logos et de plutôt porter son regard vers la table des valeurs nutritionnelles.» –Stéphanie Côté, nutritionniste et coordonnatrice d’Extenso
Pour sa part, Mme Voyer croit que Santé Canada doit en faire davantage pour améliorer l’information fournie aux consommateurs sur l’étiquetage alimentaire.
«Il faudrait interdire ces symboles, mais aussi diffuser plus de données sur la teneur en sel, en sucre et en gras des produits. Les portions devraient être comparables d’un produit à un autre pour que ça soit uniformisé. Enfin, toutes les substances similaires, telles que les différents types de sucres, mériteraient d’être rassemblées et énumérées ensemble dans la table des valeurs, afin qu’on ait une meilleure idée de leur quantité dans chaque aliment», insiste Mme Voyer.