Les propriétaires de bars s’unissent pour défendre leurs intérêts
Les propriétaires de bars veulent être reconnus comme des entreprises admissibles aux programmes d’urgence. C’est le principal cheval de bataille qui les a motivés à créer une nouvelle association qui devrait être lancée dans les prochains jours.
«On veut être capable de parler au gouvernement sous une forme constitutionnelle qu’il reconnaît», explique l’un des initiateurs du mouvement et propriétaire de la Taverne Saint-Sacrement de l’avenue du Mont-Royal, Pierre Thibault.
Avec ses collègues Éric Lefrançois, François Forest, Alain Rochard, Alex Besmard et Simone Chevalot, il vise à rassembler environ 300 membres pour la première année.
«Je pense que les gens ont envie de retourner dans les bars et dans les restos. C’est pour ça qu’il va falloir rouvrir quand on va être sûr à 100% qu’il n’y a pas de danger de propagation.»
— Pierre Thibault, propriétaire de la Taverne Saint-Sacrement
D’abord exclu des programmes d’aide aux entreprises, le gouvernement fédéral a finalement fait exception au début avril et a levé certaines restrictions. Comme d’autres commerces, les bars peuvent demander un prêt allant jusqu’à 40 000$ pour traverser la crise de la COVID-19.
Les bars attendent toujours un retour du côté provincial pour savoir s’ils sont admissibles au Programme d’action concertée temporaire pour les entreprises (PACTE).
«Souvent, on a l’impression que le gouvernement est en retard sur ce que c’est un bar. On est presque considéré comme ayant une clientèle pas très recommandable», dénonce le copropriétaire du Bar Social Verdun, Alex Lejeune.
Alcool et livraison
Par ailleurs, les restaurants peuvent vendre du vin ou de la bière avec des plats pour emporter, ce qui est interdit aux bars puisqu’ils ont un permis d’alcool différent.
«Pour nous, vendre juste de la bouffe et pas d’alcool pendant que nos voisins font les deux, c’est un peu un non-sens», explique M. Lejeune.
Les propriétaires de bars veulent que la Régie des alcools, des courses et des jeux assouplisse ses règles, du moins temporairement. «Il y a des bars à vin qui ont de belles listes d’importation et ils aimeraient pouvoir les vendre à leur clientèle pour créer des liquidités, affirme M. Thibault. Autant les restaurants que les bars, on veut juste créer une source de revenus. On est dans l’urgence de sauver des entreprises et des emplois.»
Encore longtemps
La réouverture des bars risque de tarder puisque la distanciation sociale sera difficile à maintenir. «On sait que les gens ne sont pas toujours assis, ce n’est pas comme dans un restaurant, il y a plus de mouvement. Il faut voir comment on va gérer ça, mais ça risque d’être un beau casse-tête», anticipe M. Lejeune.
Ce sera d’autant plus compliqué quand les clients auront bu deux ou trois verres, croit le propriétaire de la Taverne Saint-Sacrement. «La discipline s’en va rapidement, lance-t-il. On est des entrepreneurs responsables, on ne veut vraiment pas rouvrir présentement et mettre en danger les clients et le personnel.»
D’autre part, s’il faut respecter deux mètres de distance, les bars autant que les restaurants vont perdre une capacité d’accueil énorme. Par exemple, il ne resterait que 28 places au Bar Social Verdun de la rue Wellington, qui compte habituellement 90 places assises.