La taloche

Photo: Pierre Brassard | www.pierrrebrassard.com

Chaque mardi, la journaliste et animatrice Julie Laferrière et l’humoriste, animateur et illustrateur Pierre Brassard posent un regard original sur les usagers du transport en commun.

Ligne 1 du métro de Paris, station Reuilly-Diderot. C’est mardi et il est 18 h 15.

Nous sommes sur le quai de cette station parisienne. C’est la cohue de l’heure de pointe qui s’exprime dans toute son intensité.

Dans la foule pressée, un petit garçon d’environ six ans hurle vivement sa rage, livrant une performance digne des plus belles crises de centre d’achats. C’est là qu’on réalise à quel point on retrouve bien souvent ce comportement à l’extérieur des murs des grands magasins, et qu’il est universel. Le garçon se roule par terre, tape le sol de ses pieds et de ses poings comme s’il nageait le crawl dans une piscine vide.

Sa mère tente de le calmer, d’abord par des mots : «Damien, enfin, tu arrêtes ce cirque tout de suite!»

Cette commande a pour effet d’exacerber l’expression corporelle et vocale du petit. La dame, qui s’impatiente, passe des mots au regard. Elle s’accroupit pour pouvoir affronter son fils bien frontalement. Elle le mitraille de ses yeux qui auraient inspiré la terreur à la plupart d’entre nous. Mais pas à Damien. Il se lève d’un bond pour continuer à crier de plus belle tout en administrant de furieux coups de pied au mur devant lui. C’est à ce moment qu’aprrès les mots et le regard, la mère passe le flambeau à sa main. Et vlan! Derrière la tête. Le corps du petit s’immobilise. Le silence le gagne. Il regarde le sol, renfrogné.

«Allez, on rentre maintenant», de dire l’auteure de la taloche. L’enfant lève le regard vers son bourreau pour lui demander si elle pourrait acheter des éclairs au chocolat sur le chemin du retour. Pour l’instant, les seuls éclairs auxquels il aura droit sont ceux que lui lancent les yeux de sa mère. «Tu crois vraiment que tu mérites un dessert ce soir?» Le petit répond prudemment qu’il pense que oui, quand même un peu.

Alors qu’ils s’éloignent tous les deux, j’entends la mère demander à son fils s’il croyait aussi avoir mérité la baffe qu’il venait de se prendre par la tête. Ils étaient rendus trop loin. Je n’ai pas pu entendre la réponse de Damien.

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