Faire face à la tempête
La rumeur plane autour d’une vidéo où on voit le maire de Toronto fumer du crack. Au lieu d’agir, Rob Ford répond que ces allégations sont ridicules et se terre. Il évite les médias et annule même son émission de radio hebdomadaire qui lui aurait permis de faire le point sans contrainte. Pire, c’est son frère qui le défend devant les caméras.
Des sénateurs font de la double facturation et réclament des dépenses douteuses. Le chef de cabinet de Stephen Harper signe un chèque personnel de 90 000 $ pour rembourser les dépenses d’un sénateur. Au lieu de faire face au problème, le premier ministre du Canada répond par communiqué et fait un point de presse sans répondre aux questions des journalistes. Il devra finalement faire face à la musique à partir du Pérou, où il se trouve en mission diplomatique. Le sénateur par qui le scandale arrive, Mike Duffy, reste étonnamment silencieux pour un ancien journaliste.
Si c’est dans la tempête qu’on reconnaît les bons capitaines, messieurs Harper et Ford ont échoué à leur test de navigateur. On se demande comment et pourquoi des dirigeants qui cumulent une si vaste expérience oublient qu’il n’y a rien comme faire preuve de transparence dans la tourmente.
Les deux situations ne sont pas comparables, mais la résultante est la même. Rob Ford est la source même du pétrin dans lequel il se trouve. Steven Harper, lui, s’y trouve à cause de personnes qu’il a choisies, en l’occurrence son chef de cabinet et les sénateurs Duffy, Wallin et Brazeau. Mais dans les deux cas, ils ont failli à la tâche de préserver la confiance des institutions qu’ils ont le devoir de protéger.
Dans un autre registre, Guy Chevrette n’a pas attendu d’être entendu à la Commission Charbonneau pour agir. Il était sur toutes les tribunes cette semaine pour répondre aux allégations le concernant. Il a laissé la trace de sa version des faits. Il a le mérite de faire face à la musique. Même chose pour François Legault. Lorsqu’il a appris qu’un de ses députés était associé à des allégations en lien avec son implication passée à l’échelle municipale, il a agi dans la journée.
En gardant le silence ou en éludant la question, nos élus font durer le scandale. Les citoyens s’attendent à ce que leurs leaders choisissent d’affronter la tempête plutôt que de se cacher. Stephen Harper devrait s’en souvenir, sans quoi sa fin de mandat risque d’être difficile. Et pour Rob Ford, la fin pourrait être abrupte.
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.