Heavy métal

Nous sommes sur la rue Sherbrooke dans l’autobus 24, direction est. Il est 17 h 15. L’autobus est presque plein, mais je réussis à me faufiler pour me tailler une place au cour de la banquette, tout au fond de l’appareil qui décolle brusquement. J’ai ma journée dans le corps, de l’eau dans mes bottes, la mèche courte et ne pense qu’à franchir la porte de chez moi pour enlever mes chaussettes juteuses.

Je remarque un homme accoté sur l’étui de son violoncelle, une femme d’affaires affairée qui tripote son téléphone intelligent pendant qu’un enfant cherche quelque chose enfoui très loin dans son petit nez. Assis à ma gauche, un homme lit une revue. À ma droite, une femme dans la jeune trentaine coiffée d’un hijab fixe l’horizon. On dirait que, calme et stoïque, elle médite les yeux ouverts.

Ma mauvaise humeur et moi nous calons au fond de notre siège et poussons un soupir exagéré. On entendrait une mouche voler si ce n’était du spectaculaire bourdonnement heavy métal qui s’échappe des écouteurs d’un des passagers. C’est tellement fort. Ça pourrait rendre un éléphant sourd.

Je dirige mon attention vers le violoncelliste qui est muni d’écouteurs. Ça ne peut pas être lui; la cadence qu’il marque de sa tête est trop douce et lente. Mon voisin de gauche a quitté sa lecture et, intrigué, essaie lui aussi de deviner la source de la partition déchaînée. Je tourne la tête vers la droite. En observant ma si calme voisine, je réalise que des fils d’écouteurs s’échappent de son hijab.

Je trouve soudainement que cette trame sonore est un défouloir formidable et passe le reste du voyage à battre la mesure… de mes pieds mouillés.

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